Les débuts de Thierry Ardisson : "Mon moteur, c’est la revanche sociale"

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Guillaume Perrodeau , modifié à
Chez Christophe Hondelatte, l’animateur revient sur ses débuts, avant la télévision, et notamment sa carrière dans la publicité. 

Comment Thierry Ardisson est devenu l'homme de télévision qu'il est aujourd'hui ? L'intéressé a donné des éléments de réponse, notamment dans un livre, Confessions d'un babyboomer, sorti en 2004. Chez Christophe Hondelatte jeudi, l'animateur revient sur ses débuts, avant qu'il ne fasse de la télé.

 

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Thierry Ardisson naît dans la Creuse. Durant toute son enfance, lui et sa famille vont suivre son père, un conducteur de travaux qui change de lieu de travail très régulièrement. Un père mordu d'information, qui se rêvait journaliste. C'est son fils qui va finalement réaliser ce rêve.

Entre les itinérances et les relations tendues entre sa mère et sa grand-mère, le climat est lourd dans la famille. "En déménageant tous les deux ou trois ans, je perdais mes amis. Je n’ai pas d’amis d’enfance. C'est le côté négatif", fait savoir Thierry Ardisson. "Mais le côté positif, c’est que lorsque j’arrivais quelque part, il fallait que je sois copain avec les gens, que je me fasse une place dans le village où j’arrivais. Ça m’a beaucoup appris en termes d’adaptation", raconte l'homme de télévision.

Le monde de la nuit. La première date fondatrice pour Thierry Ardisson est l'été 1966, à Juan-les-Pins. Un matin sur la plage, il se fait draguer par un homme, Johnny Honeywood, le patron d'une boîte de nuit du coin. Il lui propose de venir passer des disques dans son établissement. Thierry Ardisson vient de se faire larguer par sa copine, il accepte. Une rencontre décisive. "Ce type m’a mis sur la voie de ce qui serait ma vie : de la musique, du spectacle, de la drogue, des voyages, des femmes, du sexe, du fric", écrit l'animateur dans son livre en 2004. "Il m’a ouvert une fenêtre sur un autre monde : la nuit (...) "j'ai découvert la transgression", confie encore Thierry Ardisson au micro d'Europe 1.

À la fin de l'année 1968, Thierry Ardisson n’a pas de projets, mais un truc lui plaît : l'écriture. Il commence à développer un goût pour les formules, jouer avec les mots. Il participe à un concours de slogan pour des chaussettes. Il est pris par le virus de la publicité. Alors il décide de tout quitter. Ses parents et sa famille, qu'il ne reverra pas pendant dix ans. "Mon moteur, c’est la revanche sociale", analyse avec du recul l’intéressé. Thierry Ardisson monte à Paris, où il va enchaîner les boîtes de publicités, avec des salaires toujours plus élevés. Mais l'écriture ne le lâche pas. En 1973, il part en Grèce trois mois pour écrire son premier roman, Cinemoi.

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Quand j’ai pris de l’héroïne, au début, je croyais que mes problèmes étaient réglés

En 1974, il part avec sa femme, Christiane, à Bali, toujours décidé à écrire. Mais le Bali de ces années-là rime avec drogue. C'est là-bas que Thierry Ardisson va prendre pour la première fois de l'héroïne. Une première qui en appellera bien d'autres. Et puis aussi de l'herbe et de la cocaïne. "Quand j’ai pris de l’héroïne, au début, je croyais que mes problèmes étaient réglés", raconte-t-il.

Thierry Ardisson est tout le temps défoncé, bien loin de l'écriture. Il décide de partir pour Bangkok, puis le Laos. Il consomme de plus en plus d'héroïne au point de ne plus avoir d'argent et d'être obligé de faire la manche. "Au début, tu prends de l’héro pour être bien, ensuite tu en prends pour ne plus être mal", se souvient-il. Finalement, sa banque accepte de lui payer son billet de retour à Paris.

"J’ai retourné ma veste pour aller dans la pub et gagner de l’argent". Il part aux États-Unis, chez un ami, où il arrive à décrocher et se met au sport, si bien que de retour à Paris, au milieu des années 1970, il ne se drogue plus. C'est à ce moment-là qu'il rencontre Alain Benoist, fondateur du magazine underground Façade. Il change de look, crée sa propre boîte de publicités, "Business", en 1978. Thierry Ardisson est un dur en affaire. Il sait qu'il faut frapper, avant d'être frappé.

À la même époque, il se met à fréquenter les endroits qui comptent dans la capitale, notamment le Palace, où l'on retrouve des tas de célébrités : couturier, homme politique, star de la musique. Thierry Ardisson est avec ceux qui font l'époque. "J’étais là où c’était bien d’être", indique-t-il. "Quand j’ai écrit mon premier livre, je me suis dit 'tu vas te faire chier comme un rat pour pas beaucoup d’argent'. Alors j’ai retourné ma veste pour aller dans la pub et gagner de l’argent", ne cache pas Thierry Ardisson. On lui doit quelques slogans bien connus comme "Lapeyre, y'en a pas deux !" ou encore "Quand c’est trop c’est Tropico". En 1984, il reçoit un coup de fil. Une nouvelle rencontre qui va changer sa vie : Daniel Filipacchi, le grand patron d'Hachette Filipacchi Médias. Thierry Ardisson fait son entrée dans le monde de la presse. Une autre histoire.