Le CSA saisi pour des blagues douteuses au "Grand Journal" envers une journaliste transgenre

L'association des journalistes LGBT (AJL) a saisi le CSA suite à des remarques jugées "injurieuses".
L'association des journalistes LGBT (AJL) a saisi le CSA suite à des remarques jugées "injurieuses". © MARTIN BUREAU / AFP
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avec AFP , modifié à
Le CSA a été saisi mardi soir, suite à plusieurs blagues jugées "transphobes" à l'égard de Brigitte Boréale, chroniqueuse transgenre du "Grand Journal".

Le Grand Journal n'a pas mis longtemps à faire parler de lui. Lundi, le jour de sa grande rentrée, l'émission de Canal+ a créé la polémique, pour des blagues jugées "transphobes" envers la journaliste transgenre Brigitte Boréale. Le CSA a été saisi mardi soir par l'association des journalistes LGBT (AJL), a annoncé cette dernière sur son site.

"Bonsoir monsieur-dame". "Brigitte Boréale a fait, lundi 5 septembre, ses débuts au Grand Journal de Canal+ en tant que nouvelle chroniqueuse. Hélas, ce pas en avant dans la visibilité des personnes trans s'est tout de suite accompagné d'un bond en arrière lorsque son collègue Lamine Lezghad, dans sa chronique, a lancé à Brigitte Boréale : 'Nous, les mecs, quand on est stressés, une petite [masturbation], ça détend. Hein, Brigitte ?'", a rappelé l'AJL dans un communiqué. Puis Ornella Fleury, la nouvelle Miss Météo de l'émission, a enchaîné : "Bonsoir monsieur-dame, enfin Brigitte", avant de continuer "Brigitte, on te connaît très peu, et du coup je trouve ça un peu excitant, ça me donne envie de faire un plan à trois".

"Ces remarques sont injurieuses", juge l'AJL. "Ces remarques ne sont pas drôles, elles sont injurieuses pour la journaliste Brigitte Boréale et pour toutes les personnes trans. Elles nient le fait que Brigitte Boréale est une femme - sous-entendant qu'elle serait aussi, simultanément, un 'monsieur'. Elles la cantonnent à des questions d'ordre sexuel et génital", dit l'AJL.

De nombreux internautes choqués. "L'Association des Journalistes LGBT déplore que ni Victor Robert, l'animateur de l'émission, ni aucun-e des chroniqueurs/chroniqueuses présent-e-s autour de la table n'aient réagi aux propos transphobes de Lamine Lezghad et Ornella Fleury. Elle souhaite que le CSA rappelle fermement à la chaîne Canal+ ses obligations en matière de lutte contre les discriminations et de respect de la dignité de la personne humaine, ainsi que son devoir de maîtrise de l'antenne".  Sur Twitter, de nombreux internautes ont eux aussi critiqué ces propos.

Brigitte Boréale défend ses collègues. Mardi, Brigitte Boréale a défendu ses collègues, en qualifiant ces propos de "blagues entre amis". "Merci à tous ceux qui ont voulu prendre ma défense hier soir, mais, cool les amis ! C'était de la vanne, juste de la vanne et de la bonne vanne entre amis. Ce n'était pas de la transphobie", a-t-elle dit sur le plateau du Grand Journal. "Moi je sais ce que c'est la transphobie, quand on crache sur mon passage dans la rue ou qu'on me traite de sale travelo dans le métro". "Ou quand la police te demande si tu te prostitues alors que tu es à l'arrêt d'un bus, on la connaît ta vie et c'est pour cela qu'on te soutient", a ajouté le présentateur Victor Robert, qui a promis de veiller à ce que les chroniqueurs fassent de l'humour "avec respect".