L'Internet personnalisé débarque

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Les entreprises et structures publiques pourront bientôt avoir un nom de domaine propre.

Dépassés les .fr, .com, .net et autre .org... L'Icann, l'organisation américaine chargée de coordonner Internet, a décidé d'autoriser les entreprises et les collectivités à utiliser leur nom comme nom de domaine. Une procédure assez longue et très coûteuse, que détaille pour Europe1.fr Loïc Damilaville, adjoint au directeur général de l'Afnic, l'organisme qui gère l'extension .fr.

La procédure ne sera pas ouverte à n'importe qui : les candidats devront être des entreprises ou des collectivités. "Toute personne morale peut candidater", précise Loïc Damilaville. Les entreprises sont particulièrement concernées par cette nouveauté, même si peu d'entre elles se sont officiellement déclarées. "Les projets sont encore secrets. Tous les concurrents se regardent en chien de faïence. Quelques-uns, comme Nokia ou Canon, ont toutefois fait part de leur intention de déposer un dossier", poursuit-il.

La ville de Paris déjà intéressée

Et les possibilités sont infinies. "On peut aussi imaginer que des régions ou des communautés demandent leur extension, comme .bzh pour la Bretagne ou .gal pour la Galicie. On pourra aussi avoir des appellations plus génériques, comme .musique ou .cinema", continue Loïc Damilaville. Des villes pourront aussi avoir leur propre extension. La ville de Paris a ainsi déjà fait savoir qu'elle était intéressée : "à la place de paris.fr, on pourrait simplement avoir .paris", explique le spécialiste de l'Afnic.

Les structures qui voudront bénéficier de cette opportunité pourront déposer formellement leur dossier de candidature à l'Icann entre le 12 janvier et le 12 avril 2012, accompagné d'un chèque de... 185.000 dollars (130.000 euros). Une somme conséquente qui devrait permettre d'éviter les dossiers farfelus et de dissuader les entreprises de déposer trop de dossiers. "Mais c'est aussi un fonds qui pourra permettre à l'Icann de financer d'éventuels recours coûteux et de rentrer dans ses frais de développement du projet", explique Loïc Damilaville.

Des enchères pour départager les homonymes

Après la clôture de dépôt des dossiers, une période d'objection permettra aux ayant-droits d'une marque de vérifier qu'aucun projet ne leur porte préjudice. Elle permettra aussi aux entreprises homonymes de régler un éventuel conflit : "On peut imaginer que les stylos Mont-Blanc et les crèmes dessert Mont-Blanc déposent chacun un dossier, ou encore que des gérants de casinos veuillent déposer l'extension .casino, ce qui pourrait porter préjudice au groupe de supermarchés du même nom", détaille Loïc Damilaville. Dans ce cas, "l'Icann a prévu des enchères pour départager plusieurs candidats légitimes", explique-t-il.

L'étude des dossiers devraient ensuite prendre au moins un an, "en fonction du nombre de dossiers déposés". On devrait donc voir apparaître sur Internet les premiers noms de domaines personnalisés "pas avant le deuxième semestre 2013", estime Loïc Damilaville.

Entre 500 et 1.000 dossiers

Difficile encore de savoir combien d'entreprises et de collectivités se lanceront dans l'aventure. "A l'origine du progès, en 2008, on tablait sur une centaine de dossiers. Mais là, on a déjà dépassé la centaine de projets qui ont été rendus publics. Et maintenant qu'on a un calendrier précis, la dernière estimation oscille entre 500 et 1.000 demandes. Ça va surtout être une course au financement pour déposer un dossier avant la date limite", explique le spécialiste de l'Afnic.

"Les entreprises ont intérêt à bien prévoir leur coup car on ne sait pas quand aura lieu le prochain round de création de noms de domaine après celui-là. D'ailleurs, on ne sait même pas s'il y en aura un et ça serait dommage de laisser une telle avance à ses concurrents...", dit Loïc Damilaville.

Quant à la personnalisation des extensions pour les particuliers, "même si techniquement, ça serait faisable", la question n'est pas à l'ordre du jour, précise Loïc Damilaville.