Inégalité salariale dans les médias : les femmes "n'osent pas demander"

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A.H. , modifié à
Les écarts de salaire entre hommes et femmes sont aussi visibles dans les médias. La journaliste de LCI Pascale de la Tour du Pin, et Claire Leost, directrice générale de l'univers "Grand Public et Actualité" de Lagardère Active, l'ont évoqué dans "Village Médias".
INTERVIEW

Encore aujourd'hui, en France, l'écart salarial entre hommes et femmes est de l'ordre de 25%, et de plus de 9% à travail équivalent. Si le problème est visible dans toutes les strates professionnelles, il l'est aussi, de fait, dans le milieu médiatique. Invitées de Village Médias jeudi, la journaliste Pascale de la Tour du Pin, présentatrice de la matinale de LCI, et Claire Leost, directrice générale de l'univers "Grand Public et Actualité" de Lagardère Active, ont eu à surmonter, dans leur carrière, les obstacles qui jalonnent généralement le parcours des femmes.

"On a tendance à se dévaloriser". Claire Leost est par ailleurs l'auteure de l'essai Le Rêve brisé des working girls (chez Fayard), dans lequel elle évoque l'écart salarial entre hommes et femmes, et les raisons qui l'expliquent. "Ça commence très tôt, c'est une question d'éducation. On n'éduque pas de la même façon nos filles et nos garçons. On apprend aux filles à être sages, bonnes élèves, à ne pas demander", souligne-t-elle. Un constat partagé par Pascale de la Tour du Pin : ""Nous, on n'ose pas demander. On n'ose pas aller voir son patron pour réclamer une augmentation". La matinalière de LCI, qui officiait précédemment sur BFMTV, confie avoir elle-même été paralysée au moment de revendiquer une augmentation ou une évolution de carrière : "Moi, je sais que j'ai été dans cette situation pendant très longtemps, et je le regrette. Il faut avoir le courage de se dire : 'je vaux quelque chose'. On a tendance à se dévaloriser", estime-t-elle.

Oser parler d'argent. Une tendance à la dévalorisation, renforcée par une gêne à évoquer les questions financières. "On n'ose pas parler d’argent. Il faut se mettre en avant, aller voir son patron, accepter de parler d'argent. Il faut se faire un peu violence. Si on reste dans son coin à attendre que ça arrive, ça n'arrive jamais", fait valoir Claire Leost.

"Je préfère l'exemplarité au gadget". La directrice générale du pôle "Grand Public et Actualité" de Lagardère Active confie par ailleurs ne pas "être très fan" de l'initiative de Libération qui, en ce 8 mars, fait payer le journal à ses lecteurs masculins 25% de plus, au nom de l'égalité salariale. "Je ne veux pas que les femmes payent les produits moins chers, je veux qu'elles aient les mêmes salaires que les hommes", martèle Claire Leost. "Je préférerais que Libé nomme des femmes dans la direction du journal, et paye aux femmes de la rédaction le même salaire que les hommes. Je préfère l'exemplarité au gadget".