"Fin de vie, le dernier exil" : l'ultime et poignant voyage de deux malades

Monique, de dos, a subi deux AVC et a  choisi le suicide médicalement assisté en Suisse.
Monique, de dos, a subi deux AVC et a choisi le suicide médicalement assisté en Suisse. © France 5
  • Copié
Guillaume Perrodeau , modifié à
France 5 diffuse mercredi soir, à 20h55, un documentaire sur deux femmes qui ont choisi l’euthanasie en Belgique et le suicide médicalement assisté en Suisse. Deux pratiques toujours interdites en France.

Elles s'appellent Hélène et Monique. Elles ont respectivement 29 ans et 84 ans. Tout, ou presque, les différencie. Seule une volonté les réunit : choisir leur mort. Hélène est atteinte de la maladie de Charcot. Peu à peu l'ensemble de son corps se paralyse. Quant à Monique, elle a subi deux AVC qui l'ont laissée paraplégique, et risque d'en faire un troisième à tout moment : la première a choisi d'avoir recours à l'euthanasie, la seconde à l'assistance au suicide. France 5 les a suivies dans un documentaire poignant, Fin de vie, le dernier exil, diffusé mercredi soir à 20h55.

"S'imposer une souffrance inutile". En France, l'euthanasie et l'assistance au suicide sont interdites par la loi Leonetti (2005). Cette dernière permet néanmoins de stopper un traitement médical trop lourd, "mais cela concerne vraiment les dernières semaines de vie", souligne Paul le Meut, médecin généraliste français, qui apparaît dans le documentaire. Hélène a donc choisi d'aller en Belgique pour débuter ses démarches et choisir l'euthanasie lorsque la souffrance sera trop forte. Monique, elle, va en Suisse pour se suicider de manière assistée.

Face à ces deux destins, l'émotion est grande. On écoute avec attention la parole des principaux concernés, ainsi que celle de leurs proches. Le compagnon d'Hélène s'imaginait vieillir à ses côtés, mais la maladie a fini par les rattraper, comme il le souligne lui-même lors d'une interview. Malgré la tristesse, il respecte son choix. "C'est dur, mais c'est d'autant plus dur de se dire qu'elle pourrait ne pas avoir ce choix-là et s'imposer une souffrance inutile", souligne-t-il.

"Je peux remercier tout le monde". Quant à Monique, on la suit jusqu'au bout. Son voyage vers la Suisse est le dernier. Elle organise un pot d'adieu dans la résidence où elle séjourne en France. "Je trouve ça mieux car je peux remercier tout le monde", confie-t-elle face caméra. Puis nous la suivons jusqu'à sa prise de barbituriques, une dose létale qui va la plonger en quelques minutes dans un sommeil dont elle ne se réveillera pas, entourée de sa fille.

Profondément émouvant, Fin de vie, le dernier exil n'est pas un plaidoyer aveugle pour l’euthanasie et le suicide médicalement assisté. Le documentaire utilise les démarches de Monique et Hélène pour s'intéresser en profondeur aux systèmes belge et suisse et, parfois, en pointer les limites. En Suisse par exemple, le procès du fondateur de Dignitas, association d'accompagnement au suicide, a débuté le 18 mai dernier. Il est soupçonné de s'être enrichi personnellement en accompagnant des malades vers la fin de vie.