Le journaliste pense que les données des utilisateurs de Facebook ont également été utilisées pour la campagne présidentielle de 2017. 1:51
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Ugo Pascolo
Le journaliste spécialiste des fake news Thomas Huchon signe un documentaire sur les dessous des données privées des utilisateurs de Facebook et sur leur utilisation, à des fins politiques en plein scandale Cambridge Analytica. 
INTERVIEW

"Toutes les données que vous laissez derrière vous sur Facebook peuvent être utilisées, y compris à des fins politiques", prévient Thomas Huchon. Invité de Village Médias jeudi, le journaliste spécialisé dans les fake news, signe le documentaire "Facebook, l'envers du réseau", diffusé ce soir dans Envoyé Spécial à 21 heures. Son objectif : montrer la face sombre de Facebook et comprendre le scandale Cambridge Analytica au cours duquel 87 millions de profils ont été siphonnés, dont 210.000 en France.

Faire changer le vote des électeurs. "Plus on sait de choses sur vous, plus on est en mesure de prédire ce qui va motiver votre comportement", détaille le journaliste. "A l'échelle de quelques humains, ça paraît difficile : notre cerveau n'est pas capable d'un tel calcul". "Mais les ordinateurs, eux, peuvent le faire", assure-t-il. "En compilant des millions d'informations sur chacun des individus, on arrive à définir ce qui va leur faire changer d'avis". Une fois que des plateformes comme Cambridge Analytica, savent ce qui peut vous motiver à faire un choix, il ne reste plus qu'à cibler les personnes pour, par exemple, les faire voter pour un candidat plutôt qu'un autre lors d'une élection. 

La publicité ultra-ciblée. "C'est ce que l'on appelle le 'dark post'", explique Thomas Huchon. "C'est une sorte de publicité ultra-ciblée qui n'est visible uniquement que par la personne que l'on souhaite". "Par exemple : vous pouvez cibler les Américains qui possèdent une arme à feu et leur envoyer un message, 'attention Hillary Clinton va te piquer ton flingue'", détaille-t-il. "Comme ça, celui qui reçoit le message prend peur, et vote pour Donald Trump". 

Des 'dark post' utilisés en 2016 et 2017 ? La difficulté pour un journaliste qui enquête sur cette utilisation des données personnelles réside dans le fait que "sans être la cible d'un 'dark post', on ne le voit pas", ajoute le spécialiste. "On apprend donc les choses a posteriori". "Ces plateformes ont été utilisées pendant la campagne de 2016 de Donald Trump, mais je pense qu'elles ont été également utilisées durant la campagne de 2017", révèle Thomas Huchon. "A chaque fois, il y a peu de transparence dans l'utilisation des données personnelles des électeurs". "Il faut exiger plus de transparence de ces gens-là", martèle-t-il.