Délinquance : la direction du Progrès s'explique, la rédaction en colère

"Le Progrès" est le quotidien régional lyonnais.
"Le Progrès" est le quotidien régional lyonnais. © MAXPPP
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POLÉMIQUE - Un dossier sur les origines par "nationalités" des délinquants dans le Rhône provoque des remous au sein du quotidien régional.

La réponse. Une pluie de messages de critiques sur Twitter, un "soutien" venu du FN et pour finir une plainte de SOS Racisme : la double page sur la "nationalité des auteurs d'actes de délinquance dans le Rhône, publiée mardi par le quotidien lyonnais Le Progrès, a déclenché une vive polémique. Ce dossier comprenait notamment une infographie intitulée "Délinquance : à chacun sa spécialité", associant par exemple les "Roms et gens du voyage" aux vols de ferraille ou des "Africaines" à la prostitution. La rédaction en chef du journal a décidé de répondre aux critiques sous la forme d'un message publié sur le site internet du titre.

"Certains termes de cette infographie ne sont pas assez précis ou maladroits", reconnaît ainsi le journal. "Si des lecteurs ont été choqués, nous tenons à nous excuser et à rappeler nos intentions". La "rédaction en chef", la signature de cette réponse n'est pas nominative, soutient tout de fois que cette infographie a été "sortie de son contexte" et affirme la solidité de ses sources. Elle renvoie au passage vers une autre infographie, publiée en décembre dernier par Le Monde, consacrée elle aussi à l'origine des organisations criminelles, en des termes cependant beaucoup plus détaillés, précis et mesurés.

Le SNJ monte au créneau. Des explications qui ne satisfont pas les représentants des journalistes du Progrès. Dans un communiqué publié mardi, le Syndicat national des journalistes (SNJ) indique que la rédaction du journal "a découvert avec effarement" ce dossier. "S’appuyant sur un rapport national de la police judiciaire, mais pas sur de véritables statistiques par nationalités, qui sont interdites, le sujet ainsi traité donne l’impression d’un raisonnement de type "café du commerce", qui ne pouvait que prêter le flanc à la polémique", tacle le communiqué.

"La responsabilité de la rédaction en chef et de la chaîne hiérarchique est clairement engagée", juge le SNJ, qui "considère que ce dérapage consacre la faillite d’une politique éditoriale basée sur le tout faits-divers, la sempiternelle course aux clics sur le web, la recherche de l’audience à court terme"