Charlie Hebdo vs Mediapart : "Quand un journal croule sous les menaces de morts, les mots ont un poids", estime Joann Sfar

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G.P.
Sur Europe 1, Joann Sfar évoque la polémique entre Charlie Hebdo et Mediapart. Il estime qu'on ne peut pas dire que Charlie Hebdo est en guerre contre les musulmans.
INTERVIEW

La polémique dure depuis plus d’une semaine, à grands coups de Une, d'éditos et de passe d'armes sur Twitter. Dans le conflit ouvert qui oppose Charlie Hebdo et Mediapart, Joann Sfar a choisi son camp. Dans Melting Pop, le dessinateur a tenu à réaffirmer son soutien à l'hebdomadaire satirique.

"Les mots on un poids et Edwy Plenel le sait plus que quiconque". "Quand un journal croule sous les menaces de morts, on fait attention à ce que l'on dit", explique l'auteur du Chat du rabbin. Joann Sfar fait ainsi référence à la déclaration d'Edwy Plenel, qui avait indiqué sur Franceinfo : "La une de Charlie Hebdo fait partie d'une campagne plus générale que l'actuelle direction de Charlie Hebdo, Monsieur Valls et d'autres, parmi lesquels ceux qui suivent Monsieur Valls, une gauche égarée, une gauche qui ne sait plus où elle est, alliée à une droite voire une extrême droite identitaire, trouvent n'importe quel prétexte, n'importe quelle calomnie, pour en revenir à leur obsession: la guerre aux musulmans, la diabolisation de tout ce qui concerne l'islam et les musulmans."

"On a le droit de ne pas aimer ce journal, le contenu, mais on peut pas dire que ce journal est en guerre contre les musulmans. (...) Quand un journal croule sous les menaces de morts, les mots on un poids et Edwy Plenel le sait plus que quiconque", souligne Joann Sfar.

"On décide du monde dans lequel on va vivre dans la décennie qui vient". Le dessinateur, qui a collaboré à Charlie Hebdo par le passé, estime d'ailleurs que cette polémique n'est pas une simple passe d'armes. "C'est grave, car on décide du monde dans lequel on va vivre dans la décennie qui vient. D'un côté Charlie Hebdo dit : 'on va être anticléricaux comme on l'a fait depuis toujours' ; et une autre partie de la gauche dit : 'attention, il y a des populations qui ont subi le racisme'. Mais ce n'est pas pour autant que l'on doit cesser de dire quand du fanatisme religieux s'introduit dans la politique et dans le quotidien", estime le dessinateur.