Bygmalion : l'enquête d'Envoyé Spécial repoussée après la primaire de la droite

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avec AFP , modifié à
Michel Field a indiqué mercredi que l'enquête d'Envoyé Spécial sera diffusée après la primaire de la droite et du centre alors que selon le Canard Enchaîné le camp de Nicolas Sarkozy a fait pression pour empêcher sa diffusion. 

Révélée par Le Canard Enchaîné, l'affaire fait polémique. Une enquête d'Envoyé Spécial sur Bygmalion, dans laquelle Nicolas Sarkozy est l'un des protagonistes, a entraîné un bras de fer à la direction de France Télévisions. Le camp de l'ancien chef d'Etat aurait fait pression pour annuler sa diffusion, à l'origine prévue le 29 septembre. Finalement, France 2 diffusera après la primaire de la droite mais "avant la fin de l'année" cette enquête, dont des extraits clé passeront au JT de France 2 jeudi, a indiqué le directeur de l'information Michel Field.

Michel Field nie "toute intervention de Nicolas Sarkozy". Le Canard Enchaîné de mercredi accuse Michel Field d'avoir cédé à des pressions de Nicolas Sarkozy pour reporter la diffusion de cette enquête, alors qu'Elise Lucet, patronne d'Envoyé Spécial, voulait le diffuser fin septembre. "Je démens formellement toute intervention de Nicolas Sarkozy", a-t-il déclaré. Lundi, le parquet de Paris a demandé le renvoi devant le tribunal correctionnel de Nicolas Sarkozy et de treize autre personnes dans le cadre de l'affaire Bygmalion de financement illégal de la campagne présidentielle de 20112 de l'ancien chef de l'Etat.

Selon le Canard Enchainé, l'ex-président a menacé France Télévisions, en cas de diffusion du sujet avant la primaire de novembre, d'annuler sa participation à la première édition de l'"Emission politique" de David Pujadas et Léa Salamé, qui démarre le 15 septembre. Nicolas Sarkozy est candidat à cette primaire.

"Le risque d'instrumentaliser France Televisions". "En juin j'ai donné mon feu vert sur ce sujet sur Bygmalion", a affirmé le directeur de l'info. "Puis fin juin-début juillet j'ai dit à l'équipe que le sujet devait être prêt début septembre ou début décembre, car diffuser un sujet au moment où la primaire des Républicains bat son plein fait courir le risque d'instrumentaliser France Télévisions. Il n'était pas encore question de la venue de Nicolas Sarkozy dans l'Emission politique", s'est défendu Michel Field.

Un extrait diffusé jeudi dans le JT. "C'est ma position depuis le début, je n'y ai jamais dérogé", insiste-t-il. "Mais nous sommes tombés d'accord (mercredi matin) avec Elise Lucet pour diffuser pendant le JT jeudi un extrait de l'interview de Franck Attal", l'ex-patron de la branche événementielle de Bygmalion qui s'exprime pour la première fois sur l'affaire. "Cette enquête est une analyse et n'a pas de scoop. Mais s'il y avait un élément nouveau, et que l'actu l'exige, je le balance !" sur l'antenne, ajoute-t-il.

La défiance du SNJ. "Nous ne comprenons pas cet argument de ne pas diffuser le sujet pour ne pas fausser la primaire", a réagi le délégué SNJ Serge Cimino, qui évoque lui aussi des pressions de Nicolas Sarkozy, rapportées par des sources internes. "C'est un bras de fer entre Elise Lucet, nommée pour son indépendance, face à un directeur de l'info qui semble avoir oublié les principes du journalisme. C'est un +Clash Investigation !" Il faut qu'il s'explique ou qu'il s'en aille", a-t-il déclaré.  Michel Field a été visé en avril par une motion de défiance, la rédaction lui reprochant d'avoir cédé à des pressions de l'Elysée lors d'une émission avec François Hollande.