Audiovisuel public : les dirigeants présentent leurs pistes de réforme

Cette réflexion ne démarre pas dans le contexte le plus apaisé, notamment à France télévisions.
Cette réflexion ne démarre pas dans le contexte le plus apaisé, notamment à France télévisions. © LUDOVIC MARIN / AFP
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Sébastien Krebs édité par C.O. , modifié à
Les dirigeants de l'audiovisuel public sont reçus jeudi au ministère de la Culture pour présenter leurs pistes de réforme dans un contexte particulièrement tendu.
L'ENQUÊTE DU 8H

Le grand big bang est bel et bien lancé dans l'audiovisuel public. Les patrons de France Télévisions, Radio France et France 24 sont attendus jeudi dans le bureau de la ministre de la Culture pour présenter leurs premières pistes de réforme. Et Emmanuel Macron a confirmé dimanche vouloir lancer un "grand travail de réflexion".

Un contexte très tendu. Mais cette réflexion ne démarre pas dans le contexte le plus apaisé, notamment à France Télévisions. Dans les couloirs des chaines publiques ça grince. Les raisons : les mots du président, relayés dans la presse. Il aurait qualifié le service public de "honte de la République". Une phrase démentie, mais qui est restée dans les esprits. Dimanche sur France 2, le président a également parlé d'un audiovisuel "du monde d'avant".

Mais si l'ambiance est électrique, c'est aussi à cause des économies. Le budget 2018 prévoit 50 millions d'euros de coup de rabot, 171 postes supprimés, dont 30 dans les rédactions nationales, à France 2 et à France 3, et leurs magazines d'information Envoyé Spécial et Complément d'Enquête. Beaucoup de CDD, souvent occupés par des jeunes, ne sont pas renouvelés et l'édition week-end du Soir 3 est menacée.

"Un vrai sentiment de malaise". La semaine dernière une motion de défiance a été votée à 84 % contre la présidente de France Télévisions, Delphine Ernotte : "Il y a un vrai sentiment de malaise. On a l'impression que la structure de France Télévisions est de plus en plus importante alors que dans le même temps les postes de journalistes de terrain se réduisent. Il y a des tournages qui s'annulent tous les jours car il n'y a pas les effectifs. Il y a aussi des journaux qui sont un peu réduits", déplore Clément Le Goff, président de la Société des journalistes de France 2. "L'info est en danger".

Le football aussi est menacé. Les matches de Coupe de France et de Coupe de la Ligue pourraient ne plus être diffusés sur les chaînes publiques. Et il n'est même pas certain que France télévisions se positionne pour acquérir les droits des futurs jeux olympiques de Paris 2024.

Un projet global encore flou. Au delà du tour de vis budgétaire, le projet d'Emmanuel Macron pour l'audiovisuel public reste flou. Le calendrier n'a pas encore été annoncé. Seule information : la ministre de la Culture a demandé aux patrons de chaînes de travailler ensemble. L'idée est au minimum de rapprocher les médias publics, radios et télé, par exemple sous une bannière unique, comme la BBC ou la RTBF. La ministre, qui doit se rendre à Londres et à Bruxelles pour étudier ces modèles, souhaite développer des synergies, faire travailler ensemble par exemple les antennes régionales, télé et radio de France 3 et de France Bleu.

Une mutualisation que prônait déjà deux sénateurs, il y a deux ans : "On a essayé la réforme au fil de l'eau, depuis des années, on a l'impression que seule une réforme systémique fonctionnerait", estime Jean-Pierre Leuleux, sénateur des Alpes-Maritimes au micro d'Europe 1. "Il y a des gisements d'économies que l'on pourrait résorber au travers d'une meilleure coopération entre les acteurs."

Outre la mutualisation, la réflexion lancée par Emmanuel Macron doit permettre de réfléchir aux programmes et de déterminer comment mieux différencier le service public, le déconnecter des problématiques d'audiences, produire des contenus possiblement exportables. Delphine Ernotte défend l'idée d'une plateforme publique, un genre de Netflix européen qui serait adossé à Orange, et la création d'un studio destiné à produire de nouvelles fictions.