Audiovisuel public : le plan du ministère de la Culture ne passe pas

La ministre de la Culture Françoise Nyssen a annoncé lundi soir son intention de porter plainte contre X après la publication de documents "internes", "non validés", contenant des "pistes de travail" pour réformer l'audiovisuel public
La ministre de la Culture Françoise Nyssen a annoncé lundi soir son intention de porter plainte contre X après la publication de documents "internes", "non validés", contenant des "pistes de travail" pour réformer l'audiovisuel public © AFP
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C.O. , modifié à
Le Monde a dévoilé lundi des "pistes de travail" pour réformer l'audiovisuel public. Parmi celles-ci : le groupement de Radio France et de France Télévisions, la suppression de France Ô ou encore une diffusion tout numérique de France 4.

Ce sont des pistes explosives ! Le Monde a révélé lundi avoir eu accès à des pistes de travail du ministère de la Culture pour réformer l'audiovisuel public et ainsi faire faire des économies aux médias publics. Ces pistes, consignées dans des "documents internes" "non validés", sont pour le moins radicales.

Quelles sont les pistes évoquées ?

Les documents obtenus par le quotidien mentionnent la possibilité de regrouper France Télévisions, Radio France et les autres sociétés du secteur au sein d'une "holding". Il est également question de la suppression de la chaîne France Ô ou encore de cantonner la chaîne France 4 et la radio le Mouv à une diffusion numérique.

Ce document de travail propose également de "rapprocher" les réseaux de France 3 et France Bleu et de fermer en parallèle les bureaux régionaux de France 2.

Les deux orchestres de Radio France pourraient également être "reconfigurés", selon les termes utilisés dans le rapport.

Que dit la ministre de la Culture ?

Lundi soir, la ministre de la Culture, Françoise Nyssen, s'est offusquée de voir ce "document de travail" publié. Elle a dit son intention de porter plainte contre X après la divulgation d'un travail qu'elle estime "provisoire". "Les hypothèses ne sont pas validées par la ministre", a précisé par ailleurs son cabinet.

Comment ont réagi les salariés concernés ?

Du côté du SNJ France Télévisions, l'un des syndicats de journalistes, ces pistes ne sont pas totalement surprenantes : "Sur le fond du dossier ce n'est pas une nouveauté", nous confie le secrétaire général du SNJ France Télévisions. "On voit bien que le pluralisme éditorial n'est pas une préoccupation du gouvernement. Ces pistes, c'est un retour à l'ORTF. Ce n'est pas franchement moderne", complète-t-il, déplorant par ailleurs la réaction de la ministre :"C'est grotesque".

Sur Twitter peu de journalistes ont réagi aux révélations du Monde. Fabienne Sintes, à la tête du 18-20 de France Inter, s'est toutefois fendue d'un tweet lundi soir : "Le mot qui me vient à l'esprit c'est… ouch" a -t-elle écrit, visiblement choquée.

Alex Goude, animateur sur France 4, invité mardi dans Village Médias sur Europe 1, interrogé sur la possibilité de faire passer France 4 en tout numérique, a dit pour sa part vouloir "attendre de voir ce qui va se passer concrètement". Mais "le numérique, c'est l'avenir et ça existe déjà avec les replay", poursuit-il. "C'est compliqué, tout est tellement en train de changer sur les habitudes de consommation des gens, on a beau se dire qu'on anticipe, personne ne comprend, tout le monde est largué. La télé maintenant c'est Netflix. Donc bien malin celui qui pourra dire comment vont survivre toutes les chaînes en général", ajoute Alex Goude avant de conclure : "Évidemment, je préfère que l'on soit à l'antenne en hertzien, c'est sûr. Mais il faut y être (sur le numérique)".