Arte : P'tit Quinquin, série policière déjantée

© Arte / Roger Arpajou
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Mickaël Frison , modifié à
SÉRIE - Jeudi soir, Arte proposera P’tit quinquin, feuilleton policier déjanté à l’accent du Nord très prononcé. Un programme savoureux, coup de cœur de la matinale d’Europe 1.

Il pourrait s’agir du croisement entre Bienvenue chez les ch’tis et Les Deschiens. Ce soir, les téléspectateurs d’Arte découvriront les deux premiers épisodes de P’tit quinquin, série qui en compte quatre et signée Bruno Dumont, l’homme de Camille Claudel 1915 avec Juliette Binoche l’an dernier.

Une ode au bizarre. Un matin, le silence des prairies du Boulonnais est interrompu par le bruit d’un hélicoptère : c’est une vache qu’on extrait d’un blockhaus, morte. A l’intérieur ? Le cadavre découpé d’une femme. C’est l’improbable début d’une enquête loin d’être menée tambour battant. Une enquête portée par un commandant de gendarmerie surnommé “Le brouillard” en raison de son manque de clarté. Lui et son lieutenant doivent composer avec une bande de gamins du coin, des Denis la Malice du Pas-de-Calais, des “gueules”. À la tête de la bande, Quinquin et son amoureuse Eve, membre de la fanfare du village.



Des majorettes en surpoids au cimetière. Pour Bruno Dumont, jusqu’ici habitué aux drames rugueux, c’est un saut réussi dans l’univers de la comédie. On retiendra la scène de l’enterrement de la victime : une messe invraisemblable perturbée par les larsens du micro de l'aumônier, ponctuée par une chanson pop interprétée la starlette du coin, une Cindy Sander en puissance, avant une inhumation en présence de majorettes boudinées.

Un peu de caricature, pas d’outrance. Avec ce P’tit quinquin, Dumont affirme sa différence : des acteurs non-professionnels et du réalisme, avec de longues séquences et un montage a minima. Quand un personnage s’apprête à partir en voiture, on vit toute la traversée de la cour, avec le bruit des pas sur les graviers, l’ouverture de la porte, l’installation derrière le volant, la ceinture, les clés dans le contact, et la voiture qui démarre, suivie par la caméra jusqu'à sa sortie du champ. Le comique se niche aussi dans ces longueurs : elles ont motivé le coup de coeur d’Eva Roque jeudi matin dans le "kiosque" d’Europe 1 Matin.

On n’oublie pas la poésie. Comment grandir au milieu d’adultes plus irresponsables les uns que les autres ? Que reste t-il de l'innocence face à un meurtre grand-guignolesque ? Comment se faire entendre dans la veulerie ambiante, le racisme, la bêtise crasse ? P’tit quinquin parle d’enfance et vaut aussi pour ces scènes où Alane Delhaye (Quinquin) pédale à toute vitesse sur la départementale qui entoure son village, entre les pâturages et le paysage au loin dont on ne distingue plus qu'un clocher.