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Bernard Tapie est convoqué aujourd'hui à la Brigade financière pour revenir sur le "simulacre d'arbitrage" dont il a bénéficié selon le juge d'instruction.

Les principales déclarations d'Alain Acco, chef du service Police-Justice d'Europe 1

Pourquoi Bernard Tapie est-il convoqué aujourd'hui à la Brigade financière ?

Parce qu'il est au cœur du dossier. Il en est le principal bénéficiaire, il a touché 403 millions d'euros à la suite d'un "simulacre d'arbitrage", en tout cas, c'est ainsi que le qualifient les juges d'instruction. Un "simulacre d'arbitrage", "une escroquerie en bande organisée". Il était inévitable qu'un jour ou l'autre Bernard Tapie soit amené à s'expliquer...

Pourquoi aujourd'hui ?

Parce que "c'est dans la logique de l'enquête", vous répondront les policiers. Avant d'en arriver à lui, ils ont interrogé quasiment tous les protagonistes du dossier. Les avocats, les juges arbitres, le directeur de cabinet du Ministre de l'Economie et même, il y a quelques jours, sans qu'on le sache, l'ancien secrétaire général adjoint de l'Elysée, François Pérol... Au fil des perquisitions effectuées ces derniers mois, chez les uns et chez les autres, les enquêteurs ont aussi saisi bon nombre d'indices et de documents parfois troublants : agendas aux pages arrachées, répertoires téléphoniques, documents bancaires... Tout cela a été minutieusement compilé et analysé, et va être présenté maintenant à Bernard Tapie.

 

Comment va se passer son audition ?

Dès qu'il va arriver tout à l'heure à la Brigade Financière, dans le 13e arrondissement de Paris, Bernard Tapie va être placé en garde à vue. C'est logique et même inévitable. Etre entendu sous le régime de la garde à vue, c'est une garantie, une protection. Tout au long des interrogatoires, et ils risquent d'être longs, Bernard Tapie aura à ses côtés l'un de ses avocats, Hervé Témime.

Les policiers ont beaucoup de questions à lui poser, principalement autour de deux axes : comment, auprès de qui, précisément, a-t-il plaidé sa cause au sommet de l'Etat ? Et puis, surtout, quels étaient précisément ses liens avec les arbitres qui se sont prononcés en sa faveur. Notamment avec Pierre Estoup ?  Les deux hommes assurent qu'ils ne se connaissent pas, mais ils ont chacun le numéro de portable de l'autre. Les policiers voudront sans doute savoir pourquoi Bernard Tapie lui a chaleureusement dédicacé un de ses livres, dix ans avant l'arbitrage, "Vous avez changé le cours de ma vie".

Que risque-t-il ?

A l'issue de la garde à vue, qui peut durer quatre jours, Tapie peut être présenté aux juges d'instruction, être mis en examen lui aussi pour escroquerie en bande organisée. Les magistrats peuvent être tentés de saisir ses biens, de les placer sous séquestre ou de lui demander de verser une caution pour être remis en liberté. C'est ce qui était arrivé à Jérôme Cahuzac quand il avait avoué posséder 600.000 euros sur un compte à l'étranger. Les juges lui ont demandé une caution du même montant.

Semaine cruciale, donc, pour Bernard Tapie. D'autant qu'il y a aussi, demain et après demain, un conseil d'administration extraordinaire du CDR - organisme qui gère le passif du Crédit Lyonnais - pour décider de lancer un recours en révision de l'arbitrage.

Qui est le prochain sur la liste ?

Cela dépend, en partie, des déclarations de Bernard Tapi, des personnes qu'il pourrait mettre en cause... Si jamais il se défaussait, par exemple, sur son avocat de l'époque, Me Lantourne, celui-ci pourrait être à nouveau convoqué...  Mais l'audition la plus attendue, la plus logique, c'est celle de Claude Guéant, à l'époque secrétaire général de l'Elysée. Son audition parait très probable...