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La grande conférence sociale s'ouvre aujourd'hui à l’Élysée. Elle diffèrera de celle de l'année dernière en bien des points.

Les principales déclarations d'Olivier Samain, journaliste au service économie d'Europe 1 :

De quoi s'agit-il et de quoi va-t-on parler ?  Comme l'an dernier, il s'agit de réunir tous le protagonistes du dialogue social pendant 2 jours dans une seule et même enceinte (le Palais d'Iéna, siège du CESE, à Paris) pour bâtir le programme des chantiers sociaux qui vont être engagés tout au long de l'année qui vient. La forme : d'abord une prise de température à huis-clos, ce matin, pendant 3 heures, entre François Hollande et les dirigeants des 8 organisations patronales et syndicales représentatives. Officiellement pour parler de démocratie sociale... mais surtout, en fait,  pour mesurer le degré d'engagement de chaque acteur sur les réformes à venir.

 

Ensuite, il y aura la partie ouverte qui démarrera avec un discours de François Hollande dans l'hémicycle du Palais d'Iéna, suivi cet après-midi et demain de 6 tables-rondes, dirigées chacune par un ministre pour explorer des thèmes comme l'emploi et la formation professionnelle, les conditions de travail, les filières et les emplois de demain, l'avenir des retraites et de la protection sociale, la modernisation de l'action publique et la relance de l'Europe sociale. Et puis, demain, on ramassera les copies... Dans son discours de clôture, Jean-Marc Ayrault fera une ébauche de la feuille de route pour les 12 mois qui viennent.

Le cérémonial rappelle à s'y méprendre celui de l'an dernier et pourtant, on le sait déjà : ce ne sera pas la même chose. D'abord, parce qu'il n'y a plus le côté tout nouveau tout beau de l'année dernière avec les fortes attentes des syndicats et du patronat  et la volonté de l'Exécutif de marquer une rupture avec la méthode Sarkozy. Depuis, il y a eu des négociations pas faciles, des débats au Parlement pas faciles non plus, des manifestations, des moments de friction et quand on prend le pouls des partenaires sociaux, aujourd'hui, on devine un certain désenchantement... en tous cas moins d'enthousiasme... même si tous plaident malgré tout pour la poursuite de cette méthode de dialogue social.

Le contexte, aussi, n'est plus le même : la France est maintenant en récession, le chômage s'envole, l’Europe se fait pressante sur les réformes à engager  et le social-libéralisme semble être devenu la boussole du gouvernement, ce qui donne des boutons aux syndicats, en tous cas à la plupart d'entre eux.

La réforme des retraites est dans tous les esprits. Et pourtant, c'est pas là-dessus qu'on va en apprendre le plus. Il y aura bien une table-ronde sur les retraites présidée par Marisol Touraine, mais tout le monde a été prévenu : il n'en sortira aucune annonce. La conférence sociale marque simplement le coup d'envoi de la concertation sur le sujet..Une concertation, pas une négociation, qui se poursuivra dans les semaines à venir, jusqu'à ce que le gouvernement abatte ses cartes et dévoile SA réforme en septembre. Aujourd'hui et demain, les syndicats et le patronat vont donc redire ce qu'ils pensent des pistes du rapport Moreau, et ça s'arrêtera là.

Pas d'annonce sur les retraites, donc. Mais alors, qu'est-ce qui devrait émerger de cette conférence sociale ? On l'a dit : une feuille de route pour l'année à venir, avec des chantiers qui vont s'ouvrir, et des dates butoirs, comme l'an dernier. Le chantier des retraites, bien sûr. Mais aussi  le chantier de la formation professionnelle qui doit être ouvert à l'automne, avec comme objectif une réforme du système, pour consacrer davantage de moyens qu'aujourd'hui à la formation des chômeurs.

Il se pourrait, quand même, qu'à côté de ces annonces de chantiers, il y ait quelques annonces. Notamment une augmentation du nombre d'emplois aidés pour essayer d'atteindre la promesse maintes fois répétées de François Hollande : promesse d'une inversion de la courbe du chômage d'ici à la fin de l'année.