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"Nous sommes en train de nourrir le populisme que nous prétendons combattre", pointe Jean-Paul Delevoye avec effarement.

Jean-Paul Delevoye, président du Conseil Economique, Social et Environnemental

Ses principales déclarations :

 

Vous avez lancé en avril dernier un appel à cette société qui "humilie de plus en plus de personnes"... Qui vous a entendu ?

"Quand je vois le score du FN, ce n'est pas une surprise pour moi ! Mais je vois une classe politique qui se rejette ses responsabilités. Nous sommes en train de nourrir le populisme que nous prétendons combattre. Les mythes qui unissaient notre société se fragilisent, qui croit encore à la mixité sociale, à l'égalité des chances ? Nous avons à revisiter une offre politique."

"40% des personnes interrogées dans un sondage disent que les politiques les ont abandonnés, se battent plutôt pour leur place. On ne défend les valeurs de la République que quand on a le ventre plein. Avec l'angoisse de l'huissier, de payer les études de sa fille, on est dans la survie, on se laisse aller au travail au black ou à aller dans églises sectaires pour trouver de l'espérance."

"Les politiques sont tellement obnubilés par leur carrière, le court terme, leur stratégie de conquête du pouvoir, ils ne voient pas l'hypocrisie que dénoncent nos concitoyens. A gauche, ils s'entendent pour le pouvoir et pas pour les convictions : avec l'alternance, on dit le contraire de ce qu'on disait hier."

"Nous avons une responsabilité collective. 30% des gens disent être prêts à voter pour un homme ou une femme forte, même au mépris des valeurs de la République. Sans champ d'espérance collective, l'expression des peurs et des humiliation va faire se renverser le système. Nous ne sommes pas pour les idées de Marine Le Pen, moi le premier je les combats. Mais sans espérance, il y aura une coalition de celles et ceux qui veulent renverser le système."

"Je ne crois pas à la révolte mais à l'abaissement des bras ! Je vois d'un côté l'évasion de la réussite, ceux qui fuient la France, et la localisation de l'échec. Une classe moyenne étranglée alors qu'elle fait la stabilité de nos sociétés. Les espérances, on ne va pas les retrouver à l'échelon central mais sur le local ! Je crois que le Président va venir voir la France des solutions. Il y a plein de solutions sur le terrain. Comment l'optimisme local peut-il se transformer en pessimisme national ? Libérons les forces du territoire, les solutions suivront."

Dans un sondage, 1% des gens interrogés disent avoir du respect pour leurs représentants...

"Nous devons retrouver du crédit, par l'exemplarité, la transparence, le renouvellement. Qu'est-ce qui faisait la force de l'intégration des classes étrangères dans les années 1960 ? Le syndicalisme et le politique ! Aujourd'hui, la fossilisation, les carrières pendant 40 ans... J'en suis ! J'arrête mes mandats pour permettre le renouvellement par la jeunesse ! Où est la cohérence dans l'offre politique ? Marine Le Pen, un chef, un projet, une équipe de jeunes. Il faut retrouver le sens du débat démocratique, sur les idées, pas sur les ambitions."

 

"Prêcher dans le vide ? Je ne suis pas sur d'avoir raison, je prêche selon mes convictions. Sans retrouver le sens de l'intérêt général, comment demander aux citoyens d'être responsables quand les politiques se comportent en irresponsables ?  C'est un procès difficile : sur le terrain, les politiques font des miracles ! Les maires réparent en permanence un tissu social qui se déchire, font des miracles avec des bouts de chandelles. Il faut libérer les forces du territoire."