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Xavier Beulin a été reçu hier par le Président en prévision de l'inauguration du sommet de l'élevage aujourd'hui. Il faut un renforcement de l'appui de la PAC, a plaidé le président de la FNSEA.

Xavier Beulin, président de la FNSEA

Ses principales déclarations :

 

Vous avez vu François Hollande hier. Pour éviter le même accueil que celui reçu par Jean-Marc Ayrault à Rennes ?

"C'était surtout pour lui rappeler les positions de la FNSEA sur la mise en œuvre de la PAC pour la France. Il y a une boite à outils communautaire avec, pour la première fois, beaucoup de possibilités de jouer entre les aides directes aux éleveurs et ce qui peut accompagner la production, notamment sur les compensations de handicap naturel, sur la gestion des risques, modernisation des exploitations, notamment des élevages... Il faut essayer de trouver dans cette panoplie de dispositifs le meilleur, celui qui peut permettre à l'agriculture française de regagner de la compétitivité par rapport aux voisins européens, c'est fondamental et, nous y tenons beaucoup, de renforcer le secteur de l'élevage qui en a fortement besoin. Là-dessus, pas de difficulté, nous en sommes en phase : le Président, le ministre et moi-même."

L'enveloppe de la PAC : 80% des aides vont aux céréaliers qui vivent très bien, 70.000 euros / an...

"Pas du tout. On est sur des clichés qui ont la peau dure. Quand on regarde la situation de manière concrète : il y a bien sûr des exploitations spécialisées en céréales qui vivent aussi au gré des marchés ! On ne peut pas stigmatiser une population parce que les marchés prennent 30% en 2012, ils en perdent 30 en 2013..."

Un éleveur témoignait sur Europe 1 : il se paie 5 euros de l'heure. Ne faut-il pas rééquilibrer ?

"La raison pour laquelle nous nous battons pour l'élevage, elle tient en trois mots : conforter par la PAC, avoir des prix rémunérateurs - le consommateur doit accepter que, quand il y a une forte volatilité sur les marchés on doit pouvoir la retrouver en partie sur les produits - et, je le dis avec sérénité, la France a perdu 3 ou 4 places sur le podium européen depuis dix ans, il faut retrouver par l'investissement, l'innovation et la compétitivité ce rang qui n'est plus le nôtre, et en particulier sur les productions d'élevage."

 

L'enveloppe pour la PAC est majoritairement distribuée aux céréaliers, demandez-vous au Président un changement dans cette répartition ?

"Il n'y a aucune difficulté d'analyse : c'est oui. La question, c'est le rythme et la progression. Quand on passe d'une année sur l'autre avec des baisses de soutien qui peuvent aller jusqu'à 30% comme le propose le ministre, ce n'est pas tenable. Il faut de la progressivité, c'est pourquoi je revendique que l'on ne traite pas différemment deux types d'exploitation. Une exploitation individuelle et une exploitation en société n'ont pas le même traitement dans la proposition du ministre. C'est le point d'achoppement, sur le reste nous sommes en phase. J'écouterai avec attention ce que dira le Président : ce qui sera annoncé sera j'espère favorable à l'élevage et j'espère tiendra compte de cette situation particulière, où entre 1/3 et la moitié des exploitations sont en forme sociétaire, il faut en tenir compte."

Stéphane Le Foll a signé une tribune en août demandant l'accélération de la transition écologique ?

"Il y a le mot transition, ce qui signifie passer d'une étape à une autre. Dans l'agriculture, on n'appuie pas sur un bouton pour décider de ce qui se passe le lendemain. Il y a des phases. C'est ce que nous attendons de la loi d'avenir : mettre en œuvre des moyens plus importants sur innovation et recherche, pas se priver de certaines technologies qui peuvent nous faire progresser en matière écologique, combiner performance économique et environnementale est notre credo depuis des années."

Il y a un objectif précis : le plan écopytho pour 50% de moins de produits phytosanitaires en 2018... On en est loin...

"Non ! Il y a deux choses dans ce plan : la réduction et même l'élimination de certaines matières actives considérées comme non-compatibles avec l'environnement, c'est en cours d'exécution, la plupart sont déjà éliminées. Et ensuite la quantité utilisée. Ce qui n'est pas bon dans l'analyse d'aujourd'hui, c'est qu'on compare deux années successives : 2011 et 2012. 2011, année de sécheresse, peu d'utilisation de phyto. 2012, année pourrie, les paysans ont été obligés d'utiliser des produits contre les maladies. On ne peut pas décréter comme ça pour l'agriculture, a priori, ce qui va être bon ou non. Nous nous inscrivons dans une démarche de moyen et long terme, c'est là dessus que nous voulons faire nos preuves. Nous avançons régulièrement."