"Nous avons deux questions : qui et pourquoi ?"

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"Je ne sais pas si la violence est enracinée en Corse, mais il y a un problème de violence, il faut y remédier.", plaide Paul Sollacaro.

Paul Sollacaro, avocat au Barreau de Nice et fils d’Antoine Sollacaro, assassiné le 16 octobre 2012

 

Ses principales déclarations :

"En un an, je n'ai pas pu faire mon travail de deuil. Ca passe extrêmement vite. Il nous faudra plusieurs années pour nous en remettre, et il y a l'aspect judiciaire : des éléments sont en cours, nous sommes dans l'attente que la Justice réponde à certaines questions."

 

Les deux principaux suspects sont en prison depuis avril, troisième homme mis en examen, un quatrième interpellé hier... La police et la Justice ont fait correctement leur travail ?

"Notre position : nous sommes prudents. L'enquête est loin d'être terminée pour nous, affaire loin d'être élucidée. Il faudrait pour cela qu'elle ait fait l'objet d'un renvoi devant une juridiction pénale qui prend une décision de condamnation définitive, nous en sommes très loin ! Pour nous l'enquête commence. Il y a des avancée mais nous attendons que la Justice réponde à deux questions : qui, et pourquoi."

 

Après la mort de votre père, vous aviez mis en cause la JIRS de Marseille, demandant son dessaisissement pour un juge "naturel, normal ajaccien", et une police "naturelle normale, ajaccienne". Vous maintenez ?

"Je maintiens mes propos de l'an dernier. J'ai expliqué à l'époque que la JIRS de Marseille avait un problème d'hommes : si on change les hommes, on change les méthodes. Mes propos sont étonnants. Je m'attendais à être poursuivi pour cela, ce ne fut pas le cas. Ce qui signifie qu'il y avait peut-être un fond de vérité. Je demandais aussi la tenue d'une commission d'enquête parlementaire et la saisie de la IGS, ça n'a pas été fait mais les conséquences ont été identiques : on changé les hommes, la JIRS 2012 n'est pas celle de 2013, le tonitruant Dallest a été évacué, il n'a pas bénéficié d'une promotion puisque muté à Chambéry... La Justice, c'est comme le football : quand l'équipe n'est pas bonne, on change d'abord l'entraîneur et ensuite l'équipe. On a changé les hommes, j'espère qu'on changera les méthodes."

Manuel Valls a dit que la violence est enracinée dans la culture insulaire, parlant même de mafia... Il a raison ?

"Depuis l'assassinat de mon père, 20 homicides... Oui et non ! Des homicides en Corse, il y en a depuis 2005, elle n'a pas commencé avec la mort de mon père. Il y a peut-être un autre débat, celui du gêne de la violence... Ce débat me dépasse. Je ne sais pas si la violence est enracinée en Corse, mais il y a un problème de violence, il faut y remédier."

Hollande demande aux Corses d'aider l'Etat pour ses enquêtes, vous lancez aussi cet appel ?

"Mais en Corse, on parle plus qu'ailleurs. Pas un seul dossier en cours d'instruction à la JIRS de Marseille n'a pas de renseignement anonyme, de témoignage sous X, à charge... L'omerta n'existe plus, si elle a existé un jour."