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Le Maire UMP de Roquebrune-sur-Argens réfute les propos que lui prête Mediapart à propos des Roms.

 Luc Jousse, maire UMP de Roquebrune-sur-Argens

Ses principales déclarations :

 

Vous êtes le maire UMP de Roquebrune-sur-Argens. Il y a quelques jours, lors d'un conseil de quartier, voilà ce que vous avez déclaré à propos des Roms : "Les Roms m'ont mis 9 fois le feu. Dans le dernier, ils se le sont mis eux-mêmes. Vous savez ce qu'ils font : ils piquent des câbles électriques et après ils les brûlent pour récupérer le cuivre. Et ils se sont mis à eux-mêmes le feu dans leur propre caravane. Ce qui est presque dommage, c'est qu'on ait appelé trop tôt les secours. Mais je l'ai pas dit. Je l'ai pas dit !" Voilà, Luc Jousse, c'est un enregistrement qui a donc été révélé par Mediapart, enregistré par un participant. Est-ce que vous les assumez, ces propos, ce matin ?

"Alors écoutez, il faut être très, très clair. Jamais je n'ai prononcé la phrase de Mediapart : "Il faut brûler les Roms." Il y avait eu, suite à mon propos, et c'est vrai que j'ai fait de l'ironie sur le fait que 9 fois de suite, ils se mettent eux-mêmes le feu, et quelqu'un dans la salle lance probablement le fait que c'est dommage qu'on ait appelé les secours. Je vais répéter cette phrase et je vais dire après, et je viens encore de l'entendre : "Je ne l'ai pas dit, je ne l'ai pas dit !" Donc cette phrase ne vient pas de moi. Vous savez, moi je suis acculé dans une réunion où on me taxe d'immobilisme et on dit que le maire ne fait rien. Il faut être clair : si j'avais eu une once d'intention de brûler les Roms comme me taxe Mediapart, par 9 fois de suite, je n'aurais pas appelé les secours pour venir les défendre. C'est ma mairie, mes services qui, 9 fois de suite en deux mois, en plein été, les ont appelé."

Est-ce que ce matin, vous regrettez d'avoir dit qu'il était dommage d'avoir appelé les secours trop tôt ? Est-ce que vous regrettez, oui ou non ?

"Je regrette d'avoir répété une phrase humoristique de quelqu'un du public. Je vais être clair, je ne m'en souviens même pas. Bornons-nous à des faits. Vous savez, moi je suis un gaulliste social, profondément républicain et il ne faut pas tout mélanger.Que le maire soit excédé parce que l'Etat ne fait rien et ne les expulse pas alors que j'ai une décision de justice, ça c'est sûr que je fais de l'ironie sur le fait que 9 fois de suite, ils se soient mis le feu, c'est certain."

Est-ce que c'est de bon goût de faire de l'ironie là-dessus vu le climat dans lequel se trouve la France ?

"Détrompez-vous  Monsieur, détrompez-vous ! Je fais de l'ironie sur le fait qu'ils mettent en danger toute ma population et tout le quartier car si vous vous en souvenez bien, Roquebrune est une ville extrêmement accidentogène au niveau des incendies. Et ils font courir des risques à toute une population en plein été de 50 000 habitants. Et oui, je trouve absolument scandaleux alors que 9 fois de suite, ils créent un départ de feu eux-mêmes, c'est pas moi qui le dit c'est un autre journaliste de Var-Matin, je trouve scandaleux qu'ils fassent courir des risques à toute la population. Ça c'est sûr."

Ça veut dire qu'aujourd'hui, les Roms sont le principal problème de votre commune ? C'est le principal problème de la sécurité, ils sont responsables de tous les maux ?

"Ah non, non, non. Faut arrêter, c'est une mascarade, c'est un procès d'intention. De mon opposition, évidemment."

Luc Jousse, il n'y a pas que votre opposition qui réagit. Pierre Lellouche de l'UMP et beaucoup d'autres disent que vos propos sont inacceptables et que vous n'avez plus votre place à l'UMP.

Vous leur répondez quoi ? C'est votre famille politique.

"Absolument. Je leur demande, s'ils le veulent, de m'entendre. Et s'il faut que j'aille m'expliquer devant les instances de l'UMP, je le ferai."

 

Vous ne vous vous reprochez rien du tout ?

"Absolument rien."

Vous assumez tout ?

"Oui. Mais cette phrase, je le répète, n'est pas de moi. Elle est du public."

C'est pas un message auprès des électeurs du Front national ?

"Absolument pas, j'ai pas besoin de ça. Je suis un des rares UMP qui, aux dernières municipales, avait fait alliance avec la gauche, Monsieur, et pas avec l'extrême droite."

 

Est-ce que vous êtes prêt à dire un mot aux Roms, ce matin ? A leur présenter des excuses s'ils ont été blessés ?

"Ah non, non. Ecoutez, je n'ai aucune excuse à leur présenter. C'est l'inverse, là ! J'ai juste à leur faire comprendre que la France est un Etat de droit et qu'ils ont une procédure d'expulsion, que je leur demande de bien vouloir respecter. Faut pas tout confondre, non plus."

Vous pensez que Manuel Valls, le ministre de l'Intérieur, ne fait pas bien son travail ?

"Au contraire. La circulaire de Manuel Valls est très, très claire. Quand il y a une décision de justice, il faut procéder à l'expulsion. C'est d'ailleurs ce qui m'interroge pour le  sous-préfet. Pourquoi ne respecte-t-il pas la circulaire Valls ?"

Est-ce que dans votre campagne électorale à venir, vous allez faire plus attention à ce que disent les uns et les autres ou vous allez continuer à répéter ce que disent les gens dans la salle ?

"Ben écoutez, je n'ai plus de réunion de quartier parce que je m'interdis d'en faire pendant les derniers mois de la campagne. Maintenant, vous ne pouvez pas empêcher une population complètement excédée, qui attend depuis 6 mois, alors qu'elle sait que la commune dispose d'une décision de justice favorable, de faire des blagues un peu salaces je le concède, au sujet des Roms. Je crois tout simplement qu'ils en ont marre, ils sont excédés. Et surtout, il y a eu tellement de risques de départs d'incendie autour, j'ai reçu tellement de pétitions de ma population mécontente, qu'il y a des fois, je peux les comprendre."

C'est une mauvaise plaisanterie qui a été mal interprétée, tout ça ?

"Bien sûr, mais en tout cas, à l'avenir, je ferai extrêmement attention au moindre de mes mots. Et je veux encore une fois qu'on se contente de faits et pas de commentaires."