Bernard de Choisy : "Il n'y avait plus de vérité, on est dans l'enfumage complet"

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Cela fait désormais 7 ans que le gendre d’Albert Uderzo, le cocréateur de la BD Astérix, est en guerre avec sa belle-famille. Dans trois mois, Bernard de Choisy et son épouse, Sylvie Uderzo comparaîtront devant la justice pour "violence psychologique" sur Albert et Ada Uderzo. 

Ce matin à 7h45, Europe 1 recevait Bernard de Choisy, gendre d’Albert Uderzo, et auteur de « La loi des Seigneurs » (Ed. Michalon).

Dans 3 mois, vous et votre femme devrez répondre de violences psychologiques sur Albert Uderzo et sa femme... Que répondez-vous ? C'est violent.

"Ça a été très violent en décembre. Ça a été le déclencheur final dans la décision de faire ce livre : on n'est plus dans la vérité mais dans l'enfumage complet. Il fallait raconter la véritable histoire depuis le début. C'est comme dans les feuilletons d'aujourd'hui : on est dans la saison 7."

 

Une mauvaise série sur fond de gros sous...

"Ce n'est même pas une question d'argent : Sylvie et moi avons été des outils pour qu'une opération puisse se réaliser, la cession de la maison d'Astérix, créée par Albert seul, qu'il comptait transmettre à sa fille... Les problèmes se sont multipliés : il y avait autour un certain nombre de personnages douteux qui ont vu là le bon moment pour se servir... Et ça continue..."

 

Albert Uderzo vous attaque...

"Nous avons poursuivi un personnage de l'entourage d'Albert pour faux témoignage, faux témoignage très important puisque le juge d'instruction s'est basé dessus pour prononcer son non-lieu dans l'abus de faiblesse."

 

Vous aviez attaqué une première fois pour abus de faiblesse, non-lieu faute de charges suffisantes prononcé en 2013...

"La chronologie est très importante : la citation pour violence psychologique s'est passée 10 jours avant la décision du non-lieu, comme s'il fallait préparer cette décision. La réalité est différente : nous avions attaqué un personnage de l'entourage. Ce n'est pas lui qui s'est défendu, parce qu'il est lâche : ils ont demandé une fois de plus à Albert et sa femme de se mettre en avant, ils nous ont poursuivi tous les deux."

En décembre, Uderzo disait que vous meniez la ronde, que sa fille n'est pas dans son état normal... Qu'est-ce qui se passe entre vous ?

"Rien. On lui a raconté des histoires. On a passé plus de 15 ans avec une vie de famille formidable, on travaillait, on vivait ensemble. Puis début 2007, Albert Uderzo envisageait peut-être de récupérer ses 24 albums, une hypothèse qui aurait pu déranger le groupe qui distribuait, Hachette. A partir de là, tout s'est compliqué. Nous sommes devenus des chiffons rouges, moi en tête. S'il y avait le moindre début de preuve de tous ces mensonges, je ne serais pas devant vous, je n'aurais pas écrit un livre. Mon objectif, c'est défendre ma femme, lui permettre de retrouver ses parents. C'est un tissu de mensonge."

 

Vous semblez en vouloir à tout le monde... Le juge Courroye, Jean-Claude Guello... Il y a un complot contre vous ? Vous virez parano ?

"Pour nous, il n'y a pas de complot, juste un réseau d'influence très puissant, bien organisé."

Jusqu'au procureur ?

"Malheureusement, il n'y a pas que dans notre affaire que le procureur Courroye a eu des comportements un petit peu douteux... C'est de notoriété publique. On a jugé qu'il n'était pas habilité à être procureur de la République..."

Dans une autre affaire, pas dans la vôtre...

"C'est un comportement. On a affaire à des gens très puissants. La nécessité de ce livre, c'est raconter la vérité. Tout est à raconter à nouveau, il y a beaucoup de faits troublants, de choses qui sont choquantes."

 

Quel est le but de ce livre ? Réconcilier tout le monde ? Appuyer où ça fait mal ? Récupérer la maison d'édition ?

"Non, moi j'ai tourné la page..."

Vous ne voulez pas récupérer un centime de la fortune d'Uderzo ?

"On n'a jamais rien demandé de tel ! J'ai une femme qui a perdu son métier, sa raison de vivre, sa famille. Il a fallu se battre, se reconstruire, repartir de l'avant. On continue à nous mentir, on ment à tout le monde. Face à nous, de puissants cabinets d'avocats racontent n'importe quoi, ont préparé les décisions de justice par l'opinion publique. Une agence de communication, qui s'est occupée de DSK, Cahuzac... Tout ça pour se battre contre nous. Notre démarche serait critiquable ?"

Si c'est un problème affectif, il faut en parler autour d'une table...

"Ma femme n'a plus de contacts ! Elle envoie des SMS, son père ne répond jamais."

 

N'est-ce pas à vous d'allumer le calumet de la paix ?

"Je l'écris dans le dernier chapitre. Je démontre qu'il y a tout un ensemble de personnes qui ont eu des comportements illégaux, immoraux, la police a fait dans un premier temps des rapports qui montraient un certain nombre de faits délictueux, pour qu'ensuite la même police avec le juge d'instruction décide qu'il n'y avait plus rien à voir... On se retrouve avec des décisions qui n'ont plus ni queue ni tête... Il est nécessaire de raconter la véritable histoire, expliquer que la véritable victime est Albert Uderzo qui a perdu sa société, son œuvre, sa famille."

 

Qu'attendez-vous d'Uderzo et sa femme ?

"On espère que la Justice va ouvrir les yeux, prendre enfin la bonne décision pour écarter un certain nombre de personnes douteuses pour qu'Albert puisse respirer, qu'il puisse reparler à sa fille. Il comprendra que tout cela n'est qu'un récit."

 

Et qu'attendent-ils, eux, de vous ?

"Je pense dans leur tête, c'est fini. Du gendre idéal, je suis devenu l'homme à abattre. J'ai ma réputation, un nom, des enfants, je n'ai pas envie de vivre avec cela. Mon objectif, c'est de dire c'est fini, arrêtez ces mensonges, on passe à l'étape suivante. Pour moi ce livre est la fin de l'histoire."