Touraine : "Les efforts valent la peine d'être assumés"

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SAISON 2012 - 2013, modifié à

Selon Marisol Touraine, la réforme des retraites touchera aussi bien les fonctionnaires que le secteur privé.

Invitée : Marisol Touraine, ministre des Affaires sociales et de la Santé

Ses principales déclarations :

Au delà de l'affaire Cahuzac : Villeneuve-sur-Lot, choc, sanction, satisfaction ?

"L'affaire Cahuzac est évidemment au centre de ce qui s'est passé dans cette circonscription qui était sa circonscription, je crois que nous devons rappeler toujours que, pour faire face aux difficultés du moment, nous avons besoin de faire preuve de beaucoup de volontarisme, d'engagement, d'exemplarité comme l'a dit le Président. Et que la gauche soit unie et rassemblée."

Verts et Front de Gauche ont été pulvérisés hier...

"Oui mais l'unité de la gauche, surtout dans des périodes difficiles, est toujours nécessaire..."

Quel enseignement ou signification donnez-vous à cette élection ratée ? Echec dans 8 élections partielles...

"C'est une circonscription particulière, une élection particulière, avec un taux d'abstention important qui fait suite à une affaire retentissante. La leçon que j'en tire, c'est que l'exemplarité doit toujours être au rendez-vous..."

On voit que vous êtes embarrassée...

"Il n'y a pas d'embarras ! Faire comme si l'affaire Cahuzac n'avait pas d'impact dans cette circonscription est totalement absurde et illusoire : il va de soi que, dans le lieu d'élection de l'ancien ministre, la faute de cette homme a porté très fort. Au delà, l'exigence que nous avons est de mettre en place une politique résolue qui apporte des résultats. Au fond, c'est ça l'essentiel. J'entendais votre intervention pour annoncer ma venue : il ne s'agit pas d'annoncer que tout va bien, à l'évidence notre pays traverse une crise difficile, nos concitoyens sont confrontés au chômage, à des enjeux de pouvoir d'achat. Nous devons nous engager, et dire que la mobilisation de tous permettra de sortir notre pays de l'ornière."

Vos électeurs marchent vers d'autres candidats...

"Le gouvernement est mobilisé, nous avons besoin de montrer comment des résultats peuvent être atteints, qui permettront à notre pays d'aller de l'avant... En tout cas, nous mettons en place une politique qui doit nous permettre de renouer avec la croissance, de créer des emplois."

Vous demandez de faire barrage au parti de Marine Le Pen, donc aux électeurs du PS d'aller voter pour le candidat UMP ?

"Oui évidemment, il faut empêcher l'élection d'un candidat du Front National, la ligne socialiste n'a jamais varié sur ce point-là, contrairement aux interrogations, aux doutes, qui peuvent s'exprimer à droite quand la situation réciproque apparait. On sent que les leaders de l'UMP ont du mal à appeler à aller voter pour un candidat de gauche, socialiste en l'occurrence. Il faut empêcher que le candidat du Front National puisse l'emporter."

Vous demandez à l'UMP de se souvenir, pour appliquer le jour venu la réciprocité...

"Nous, nous l'avons fait, nous le faisons..."

Vous pensez que vos électeurs vont suivre les consignes de Paris ?

"En tout cas, c'est ce que nous leur demandons, ce que je leur demande. Il n'y a pas d'hésitation à avoir : le FN est un parti qui ne défend pas les valeurs de la République."

Réforme des retraites, apparemment vous n'appliquerez pas toutes les recommandations du rapport Moreau...

"Elles n'étaient pas faites pour cela."

Allons-nous vers une réforme des retraites a minima ?

"Pas du tout ! Quel est l'enjeu ? Ça fait des années qu'il y a des réformes des retraites qui se succèdent tous les trois, quatre ans, qui prétendent apporter des résultats pour les 2, 3 années qui suivent. Les Français sont inquiets. Ce qu'il faut, c'est rendre confiance aux jeunes générations dans l'avenir de notre système de retraites, dont on ne dira jamais suffisamment qu'il est fort, solide, et comparé à d'autres systèmes en Europe, il apporte de grandes garanties aux Français. Nous avons le devoir, je dis bien le devoir, de garantir aux Français que cette solidarité nationale, car c'est bien de solidarité dont il s'agit, pourra continuer."

"Pour cela, nous devons inscrire dans la durée notre système, ce qui suppose des efforts. "

C'est-à-dire, pour combien de temps ?

"Nous allons le déterminer mais il faut sans doute rappeler aussi que nous sommes dans une meilleure situation que l'Allemagne, par exemple ou d'autres pays, car nous avons la chance d'avoir une démographie forte. Je veux rassurer les Français : des efforts sont nécessaires, des efforts qui sont à la portée de notre pays mais qui valent la peine d'être assumés parce qu'ils nous permettent de sauver notre système de retraites."

Des efforts doivent-ils être partagés, pas seulement par les actifs ?

"Ces efforts devront être partagés par l'ensemble des Français mais ils devront être justement répartis et appréciés en fonction de chaque catégorie. Vous savez, on peut prendre des exemples mais la concertation va s'engager : elle va nous permettre d'aboutir à la fin de l'été à un texte de loi, il n'y aura pas de proposition ferme avant que la concertation ne s'engage."

Vous n'avez pas de préférences ? De convictions ?

"Nous avons des perspectives..."

On va dépasser les enjeux nationaux, la démographie...

"Ce n'est pas ça ! Nous avons besoin de financer notre régime de retraites pour les années qui viennent et, en même temps, de l'assurer dans la durée et réparer des injustices qui existent. J'insiste sur la réparation des injustices !"

C'est la réforme Touraine-Sapin ou la réforme Ayrault ?

"Ce sera la réforme Hollande-Ayrault-Touraine pour ce qui est du ministre en charge du dossier..."

Quand Michel Sapin sera là, il dira Touraine-Sapin-Ayrault...

"Je ne crois pas, je ne crois pas..."

Avez-vous décidé de l'harmonisation progressive et déterminée du public et du privé ?

"La question du public est du privé fait couler beaucoup d'encre, beaucoup de salive depuis quelques jours, de façon assez étonnante... Il va de soi que la réforme concernera aussi les fonctionnaires, il n'y a pas de catégorie de Français qui restera en dehors de la réforme."

De quelle façon cela va les concerner ?

"Ça les concernera comme ça concernera l'ensemble des Français. Mais imaginer que la réforme des retraites à mener serait une réforme de la fonction publique est totalement erroné. Je le dis très clairement : il n'y a pas de privilégiés aujourd'hui dans la fonction publique, pas de catégorie de Français qu'il s'agisse de montrer du doigt. Nous avons besoin de porter un système de cohésion et de solidarité pour garantir nos retraites."

Les régimes spéciaux RATP, SNCF, vont-ils disparaître d'ici 2025 ?

"Les régimes spéciaux vont progressivement s'aligner, pour ce qui est de la durée de cotisation, sur le régime général. Evidemment ceux qui y travaillent seront appelés à faire des efforts au même titre que l'ensemble des Français. Encore une fois : il ne s'agit pas de dire que certains vont être à l'écart de la réforme. Nous avons besoin d'une réforme qui rassemble l'ensemble des Français."

Le recours systématique à la concertation, aux commissions, n'aboutit-il pas au plus petit dénominateur commun, à une forme de statu quo ?

"C'est le gouvernement qui prend la responsabilité de présenter un texte sur les retraites. On a vu en 2010 que l'absence de concertation avait abouti au refus de la réforme, nous, nous voulons une concertation approfondie et confiante."

La réforme est pour quand ? Au début de l'année ?

"A la fin de l'année, à la fin de l'année. Le texte de loi sera présenté à la fin de l'été, donc discuté au Parlement à l'automne."

Jean-Pierre Raffarin a dénoncé hier votre dialogue social : amputé de la défense des jeunes, des chômeurs, des retraites. Il demande que l'on accorde lors de la conférence sociale une place aux syndicats de retraités...

"Je trouve assez étonnant de la part de Jean-Pierre Raffarin de faire cette proposition. Nous avons des représentants, les organisations syndicales, les partenaires sociaux, portent des intérêts qui ne sont pas uniquement des intérêts catégoriels. On se dit que peut-être Jean-Pierre Raffarin aurait dû prodiguer ses conseils à la majorité de l'époque il y a quelques années..."

Il évoque, à propos de l'affaire Tapie, une campagne orchestrée dont la cible est toujours Nicolas Sarkozy...

"La Justice fait son travail. Pour ce qui concerne le gouvernement, nous laissons avec sérénité faire son travail à la Justice. Nous n'avons pas de jugement à porter, ça relève de la Justice..."

J.P. Raffarin évoque aussi une stratégie pour salir les années Sarkozy, déstabiliser l'ancien Président au cas où il aurait la tentation du Comte de Monte-Cristo...

"Notre volonté à nous, c'est de répondre aux préoccupations des Français, pas de regarder dans le rétroviseur. Regarder l'avenir pour aider, soutenir les Français."