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SAISON 2012 - 2013, modifié à

Pour Antonio Tajani, il faut désormais que l'Europe travaille pour un retour de la croissance.

Ce matin à 8h20, Jean-Pierre Elkabbach recevait Antonio Tajani, vice-président de la Commission européenne, chargé de l'industrie et de l'entreprenariat. Ses principales déclarations :

 

A propos de la fermeture des chaînes publiques en Grèce :

"C'est une décision indépendante du gouvernement grec. En tant qu'ancien journaliste, la fermeture d'un journal est toujours une blessure. Il faut aller de l'avant, essayer de récupérer la situation, j'espère qu'il y aura une ouverture nouvelle de la radio télévision en Grèce."

 

L'Europe peut-elle conditionner ses aides à la Grèce en fonction des mesures prises sur les médias publics ?

"C'est une décision indépendante, c'est un service public bien sûr mais on a demandé des sacrifices aux citoyens européens, aux grecs surtout, ils ont fait des sacrifices, maintenant il faut aller de l'avant, travailler beaucoup pour la croissance. J'ai déjà organisé plusieurs missions de la croissance pour aider les PME grecques."

 

La Commission comme le FMI a été trop sévère à l'égard de la Grèce ? Reconnaissez vous une responsabilité ? Un petit mea culpa ?

"Ce n'est pas un mea culpa ! Il faut aller de l'avant. Nous n'avons pas exagéré mais il faut aller de l'avant. On a conclu une phase, il faut commencer une deuxième phase très forte en faveur de la croissance. Ca suffit avec les sacrifices, il faut aller vers la croissance, aider le tourisme, les PME, l'économie réélle grecque."

 

La Troika a trop imposé une politique d'austérité, vous avez des chômeurs, des salariés des médias publics licenciés...

"Je dis : ça suffit avec les sacrifices. On a terminé la première phase, on a obtenu de bons résultats en Grèce avec des problèmes, maintenant il faut aider l'économie royale (lapsus) l'économie réelle. Il faut travailler pour la croissance !"

 

Bruxelles veut déréguler les prix de l'électricité, libéraliser le contrôle aérien, les chemins de fer... Ne craignez-vous pas une vague anti européenne ?

"Il y a une politique pour résoudre les problèmes de la dette publique qui était dure. Maintenant, comme je le dis, ça suffit, il faut travailler pour la croissance, travailler à côté des citoyens européens, résoudre leurs problèmes avec de bonnes décisions. Voilà pourquoi l'Europe a décidé de s'occuper de la politique industrielle, de s'engager fortement contre le chômage des jeunes. On a changé : s'il y a une politique industrielle, si nous parlons de réindustrialisation de l'Union Européenne, et nous ne parlons pas d'austérité, de sacrifice, ça veut dire que les choses ont changé."

Dans deux jours commence la négociation sur l'accord de libre échange Europe / Etats-Unis... A eux deux : 40% du commerce mondial. C'est important ?

"Absolument, oui, pour les exportations de nos entreprises. Mais il faut traiter avec eux, défendre l'identité culturelle européenne, c'est crucial pour nous tous, nous l'avons défendue et nous voulons la défendre encore dans ce débat avec les Etats-Unis. Comme nous voulons défendre la protection de la vie privée de nos concitoyens parce que c'est un droit fondamental pour nous, ce n'est pas en discussion avec les Etats-Unis, c'est dans la charte fondamentale des droits fondamentaux du Traité Européen..."

Vous ne laisserez pas les citoyens européens être espionnés dans leur vie privée...

"Absolument oui ! On va le défendre !"

La Commission va bouger là-dessus :

"La Commission défend toujours les droits fondamentaux ! Il ne faut pas changer ! (Rires.)"

Jean-Marc Ayrault prévient : si les industries de la culture ne sont pas exclues de la conversation, elle imposera son véto...

"C'est une décision française, mais la Commission, l'Europe, a déjà dit qu'on ne va pas bouger sur la défense des droits qui concernent l'identité culturelle européenne. Il y aura toujours un fil rouge avec un message très fort : ne touchez pas ce secteur de la vie culturelle et industrielle européenne."

Si la France met son véto : pas de négociation ?

"Bien sûr, si le Conseil bloque la décision (...) Quelle que soit la décision finale, nous défendrons l'identité culturelle européenne."

Vous avez la signature sur les industries de défense : les Européens ne peuvent-ils pas se mettre d'accord pour avoir une crédibilité en terme de défense ?

"Nous allons présenter une stratégie pour renforcer l'industrie de la défense européenne avant la fin du mois de juillet, pour essayer de standardiser l'organisation, avoir une industrie plus forte, pour essayer d'économiser, et avoir sur le terrain des armées capables d'opérer entre elles sans avoir des différents systèmes informatiques qui empêchent le débat entre les différentes forces armées..."

Hier à Paris vous avez annoncé des décisions contre les pratiques commerciales déloyales... Vous visiez la Chine... Ils sont dans le monde entier...

"Ils sont en train de développer leur présence en Afrique, en Amérique Latine, au Groenland..."

Au Groenland !?

"Il y a des milliers de travailleurs chinois qui travaillent là-bas ! Il faut nous défendre, il y a des matières premières là-bas. Il y a aujourd'hui l'importance de protéger la compétitivité de nos entreprises, voilà pourquoi la Commission Européenne a déjà commencé à travailler avec des actions anti-dumping contre les Chinois dans les domaines de l'acier, il y a 11 actions anti-dumping en Europe. La Commission va présenter sa plainte à l'OMC pour ce qui concerne la Chine..."

Le recours dès la semaine prochaine ?

"Ce sera mon collègue De Gucht qui va présenter ce recours."

C'est du protectionnisme ?

"C'est de la protection contre la concurrence déloyale ! Ce sont les autres qui sont protectionnistes ! Etre en défense de nos droits, ce n'est pas être protectionniste : nous défendons l'Europe contre la concurrence déloyale des autres !"

De la légitime défense ?

"Absolument, oui."

Hollande et Ayrault n'ont pas apprécié les recommandations...

"Ce sont des recommandations, pas des impositions, donc la Commission a donné des conseils à la France, l'Europe a aussi donné à la France la possibilité de travailler encore deux ans pour régler tous ses problèmes. Ce n'est pas un message négatif que l'Europe a donné à la France. L'Europe est à côté de la France !"

 

Vous allez loin dans les recommandations...

"Pas seulement pour la France, pour tout le monde ! L'Europe a donné un message positif à la France, il n'y a pas d'Europe sans la France !"

On est dans le violon...

"Ce n'est pas le violon, c'est la vérité !"

Pensez-vous que le redressement de la France a déjà commencé ?

"Ce n'est pas facile mais il est en train de commencer..."

En cinq ans, depuis votre arrivée, qu'avez-vous vu émerger ?

"Monte la découverte de la politique industrielle ! Le travail en faveur de la réindustrialisation, un engagement fort pour protéger les intérêts de l'Europe, j'insiste, contre la concurrence déloyale, pour protéger aussi notre identité culturelle. Donc l'Europe bouge, si elle ne bouge pas, si nous ne travaillons pas ensemble, il sera vraiment très difficile pour nous tous, italiens, français, espagnols, allemands, de gagner le défi au niveau global !"