Furosémide : "Fin d'alerte, les traitements doivent reprendre"

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SAISON 2012 - 2013, modifié à

Après l’inspection de l'usine effectuée lundi, Dominique Maraninchi appelle les 800 000 patiens à poursuivre leur traitement au Furosémide.

Les principales déclarations de Dominique Maraninchi, directeur général de l'Agence nationale de sécurité du médicament :

 

A t-on fait peur aux malades pour rien ?

"Surtout pas. Il faut que les malades soient en sécurité. Le Furosémide n'est pas un médicament anodin : si on ne le prend pas, à ce dosage, on risque un œdème pulmonaire. Nous avons eu une alerte, une vraie alerte, il y a 13 jours, des comprimés sont substitués : réaction naturelle et normale, on a bloqué toute une livraison de Furosémide. C'est une alerte sérieuse, la firme bloque tout, nous bloquons tout, le Conseil de l'ordre des pharmaciens retire tous les comprimés suspects, la substitution est immédiate."

"La première réaction, c'est la sécurité pour les patients : ils ne peuvent pas se passer de Furosémide. Ca, c'est l'alerte. Deuxièmement, c'est l'investigation : on inspecte l'usine de fond en comble pour vérifier qu'il n'y a aucun défaut de fabrication."

Ca va prendre des semaines...

"Non, c'est fait ! Lundi, l'usine est inspectée, on considère qu'il n'y a pas de risque majeur, on fait ouvrir les boites devant huissier, on ne trouve aucune substitution. C'est un phénomène probablement isolé. Ceci dit, nous avons eu toute la semaine des déclarations de gens qui ont des accidents, on fait des investigations de type policier. Il faut rassurer les patients : il y a fin d'alerte, 800.000 personnes prennent du Furosémide, toutes les substitutions sont faites, elles doivent continuer leur traitement."

Vous dites : c'est bon, on peut reprendre le traitement ?

"Oui ! Ils l'ont repris déjà, dès le samedi, toutes les boites étaient remplacées systématiquement. Il y a des médicaments dont on ne peut pas se passer. Maintenant, nous savons que ceux qui ont pris du Furosémide Téva n'étaient pas en danger, qu'on a eu un phénomène isolé. Maintenant, il y a des investigations : c'est un phénomène isolé, pas forcément un cas, il y a des investigations policières..."

Un acte de malveillance ?

"Toutes les hypothèses sont permises."

Quel est votre sentiment ?

"Il ne faut pas spéculer. C'est un phénomène isolé. Je ne peux pas vous dire ce que je ne sais pas... Les hypothèses : un accident à la fabrication, strictement isolé ? Tout est toujours possible. La police a investigué derrière nos inspecteurs pour vérifier s'il n'y avait pas un acte de malveillance, ça peut arriver, ou un accident futile... C'est en cours d'investigation. Tout ce que je peux dire : sur 70.000 comprimés, nous n'avons pas observé d'échange, c'est sécurisant. Nos analyses faites sous contrôle de la police n'ont pas montré de comprimé suspect, c'est rassurant. Fin de l'alerte, poursuite des investigations et pas de surmédiatisation."

N'a t-on pas poussé le principe de précaution à l'extrême ?

"La réponse est non. On spécule beaucoup autour du principe de précaution... C'est une prudence élémentaire. Quand vous savez qu'il y a eu des substitutions sur des comprimés indispensables à la survie, la première réaction c'est : on arrête, on change toutes les boites. Le doute doit profiter au patient. Je voudrais remercier les médias : l'information a été transmise le vendredi soir à 19h, dès le samedi matin plus aucun comprimé n'a circulé, les malades ont vu leur traitement changé."

Que peut-on améliorer pour de prochaines alertes ? Quelles leçons ?

"Les leçons : on voit que ce sont des phénomènes sensibles. La prudence élémentaire ne doit pas susciter la panique. C'est pouvoir échanger ses comprimés dans les pharmacies. Des gens déclarent de façon rétrospective, en disant que leurs parents prenaient le médicament il y a trois mois : nous faisons des analyses rétrospectivement."

Combien de victimes présumées ?

"Le terme victime est inapproprié, je me permets de le dire. Ma mère prenait ce traitement, la moyenne d'âge est de 75 ans, 25% des patients ont 85 ans, parfois dans des situations de survie maintenue par le Furosémide. Des personnes sont mortes en prenant du Furosémide, pas à cause du Furosémide, bien heureusement."

"800.000 personnes prennent du Furosémide. Elles le prenaient pour les empêcher de mourir, mais parfois on n'arrive pas à guérir d'une insuffisance cardiaque terminale. Je ne contourne pas vos questions : il faut éviter la panique de chercher combien de personnes ont été victimes alors qu'il n'y a pas de victimes. Il y a des investigations d'ordre judiciaire, la justice est en cours, on verra ce que donne l'enquête. A ce stade, nous n'avons pas trouvé de personnes qui ont pâti de cette substitution."