"Le Paris-Troyes, c'est 'story of my life'"

© JL Pailé
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Victor Nicolas , modifié à
Jean-Philippe Blondel, l’auteur de 06h41, nous parle de sa vie et de son roman

L’auteur de 06h41, le premier livre sélectionné par les lecteurs, nous parle de lui, et de son œuvre. Comment lui est venue l’idée de ce livre? Il nous dit tout sur lui, ses voyages en train entre Paris et sa ville de Troyes, et son métier d’enseignant, qui l’inspire.

Jean-Philippe Blondel, présentez-vous...

Je m’appelle Jean-Philippe Blondel, j’ai 48 ans, je suis marié, j’ai deux enfants. J’habite en province à Troyes, dans l’Aube et je suis prof d’anglais depuis presque 25 ans maintenant. Je publie des romans depuis dix ans. Le premier c’était Accès direct à la plage il y a dix ans et j’ai publié depuis dix-sept romans. J’en ai publié onze en littérature générale et six en littérature pour ados.

Qu’est ce qui vous a décidé à rédiger votre premier roman ? C’était votre premier manuscrit ?

Non, je suis connu comme étant le champion du monde des lettres de refus. J’ai envoyé mon premier roman, j’avais dix-neuf ans, à toutes les maisons d’édition qui l’ont toutes refusé. J’en ai envoyé pendant dix-neuf ans, dix-neuf différents à toutes les maisons d’édition qui les ont toutes refusés, jusqu’à ce que je sois publié en 2003 à l’âge de 38 ans.

Vous pensez qu’il y a eu un changement dans votre écriture ?

Oui… Au début on envoie forcément pour être édité, car on veut la gloire quand on a dix-neuf ans (rires. Ensuite plus ça va et plus on sait que c’est l’écriture qui est importante et que la publication ce sera la cerise sur le gâteau. Et l’écriture mûrit années après années. Quand je reprends les romans que j’ai écrit à dix-neuf, vingt ou vingt-et-un ans… J’ai reçu des lettres parfois un peu sévères, mais vraiment il y avait de quoi.

Vous habitez à Troyes, et l’histoire de ce roman se passe dans un train entre Paris et Troyes. Avez-vous trouvé l’inspiration dans un train ?

Oui, le Paris-Troyes, c’est “story of my life”. Je le prends très très régulièrement, pour des livres ou pour des raisons professionnelles. Je trouve que le train c’est quand même un lieu particulier, un lieu où on s’abandonne, où les personnages et les monologues intérieurs peuvent éclore facilement. J’ai toujours l’habitude de laisser mon oreille traîner dans les trains, et écouter ce qui se dit autour, et ça peut être une grande source d’inspiration.

L’histoire de 06h41 vous est-elle arrivée personnellement ?

Pas du tout. Le point de départ de cette histoire c’était il y a quinze ans dans des bureaux de la poste à Troyes. Il y avait un homme qui voulait envoyer un colis et qui pour cela avait besoin de donner son nom à la guichetière. C’était un nom très compliqué, polonais avec plein de K, de Y, de Z… Elle n’a pas fait une seule faute et il lui a dit : « Bravo parce que d’habitude les gens font beaucoup de fautes en écrivant mon nom. » Elle l’a regardé et lui a dit : « Vous ne souvenez carrément pas de moi… » Il lui a répondu « Non je devrais ? » Et l’autre : « On est quand même sorti ensemble quatre mois il y a vingt-cinq ans. C’était il y a quinze ans et ça m’est toujours resté, je me suis dit : « Je sais que je vais en faire quelque chose ». Le bureau de poste était plié, c’est un souvenir qui reste.

Vous dites que vous laissez traîner votre oreille dans le train entre Paris et Troyes… Y a-t-il des éléments que vous avez utilisés dans le roman ?

Oui, le personnage de Mathieu, et les raisons pour lesquelles ils se déplacent l’un et l’autre. Les week-ends chez les parents, c’est des choses qu’on entend le lundi matin. C’est aussi le cas pour rendre visite à des gens qui sont à l’hôpital, c’est quelque chose qu’on entend dans les trains.

Est-ce que continuer à enseigner ça vous aide ?

Oui, c’est très cohérent, on est dans une transmission. Etre dans un lycée, je l’ai expliqué dans un roman qui s’appelle G229, qui est mon numéro de salle depuis vingt ans. Etre dans un lycée, c’est être au cœur de l’être humain. On fréquente à la fois des gens beaucoup plus jeunes que nous, des gens de notre âge, des collègues, de toute extraction sociale, de tout milieu, parce que je suis dans un lycée très ordinaire. C’est très enrichissant. Je m’en sers aussi beaucoup dans mes romans pour ados.

Est-ce que Paris représente l’ambition quand on vit en province ?

 J’ai des rapports très compliqués avec Paris. C’est un passage obligé, et en même temps une ville où on se sent plus ou moins bien. Il y a une partie d’ambition, et en même temps c’est une relation de haine-amour. Pour moi c’est très particulier. J’ai vécu trois ans à Paris, de 18 à 21 ans, dans des conditions très particulières, que je raconte dans Et rester vivant. Deux mois avant de venir à Paris, j’ai perdu ma mère et mon frère dans un accident de voiture. Je me suis retrouvé avec mon père que je connaissais mal et avec qui je ne m’entendais pas bien, à habiter dans le même appartement de trente mètres carré. C’était compliqué, donc j’ai des relations compliquées avec Paris.

Vous avez reçu six prix littéraires à ce jour, et vous êtes en lice pour ce Prix Relay. Qu’est ce que cela représente pour vous ?

Ce sont des prix de lecteurs, et cela me touche énormément, parce que c’est un retour de lecture. On a parfois ce retour à travers les blogs et les rencontres qu’on fait mais c’est quand même simplement de temps à autres. Là c’est un vrai retour de lecture qui nous dit que le roman a été apprécié.