La trace d'Hayat Boumeddiene retrouvée en Syrie

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Alain Acco avec , modifié à
INFO E1 - Hayat Boumeddiene, la compagne d'Amedy Coulibaly, le terroriste tué lors de l’assaut de la porte de Vincennes, est arrivée en Turquie le 2 janvier et serait en Syrie depuis le 8.

La femme la plus recherchée de France serait en Syrie. Hayat Boumeddiene, la compagne d'Amedy Coulibaly, le terroriste tué lors de l’assaut de la porte de Vincennes, a en effet quitté la France le 2 janvier dans un vol Madrid-Istanbul, selon les informations d'Europe 1. Ce jour là, la complice présumée du suspect de la fusillade de Montrouge était accompagnée d'un Français, dont le frère est connu des services de renseignement français. Les autorités turques affirment que, le 8 janvier, elle a franchi la frontière turco-syrienne. Il y a donc tout lieu de penser qu'Hayat Boumeddiene n'était pas aux côtés de son compagnon Amedy Coulibaly lors des attentats.

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Elle ne prend pas son vol retour. Vendredi, peu de temps après le début de la prise d’otage de porte de Vincennes, les autorités ont diffusé un avis de recherche concernant Hayat Boumeddiene et Amedy Coulibaly. A ce moment là, la présence de la jeune femme à l'étranger était déjà évoquée. Les services de renseignement algériens assuraient en effet qu'elle avait été localisée en Turquie, près de la frontière syrienne.

Des soupçons confirmés, puisque selon les informations d'Europe 1, une femme voilée, qui avait un passeport français au nom d'Hayat Boumeddiene, a pris un avion à Madrid, le 2 janvier, direction Istanbul, en Turquie. un billet de retour Istanbul-Madrid était programmé le 9 janvier, soit le jour de la prise d'otage dans la boutique casher de Vincennes, mais Hayat Boumeddiene n'a jamais pris cet avion. Car, en réalité, le 8 janvier, le jour de la tuerie de Montrouge, les autorités turques l'ont vue passer la frontière vers la Syrie.

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La piste d'une complicité à confirmer. Il y a donc tout lieu de penser qu'Hayat Boumeddiene n'était pas aux côtés de son compagnon Amedy Coulibaly lors des attentats. Mais cela ne veut pas dire qu'elle n'a pas participé, en amont, à la préparation des ces attaques. C'est, en partie, ce que l'enquête devra déterminer.

Lors de sa conférence de presse, le procureur de Paris François Molins a d'ores et déjà précisé que l'épouse de Chérif Kouachi et Hayat Boumeddiene, se sont téléphonées plus de 500 fois en une année. Un chiffre qui est selon le haut magistrat "de nature à établir des liens constants et soutenus entre les deux couples". Un chiffre qui appuie également la piste selon laquelle Hayat Boumeddiene était au courant des projets de son compagnon.

Connue des services de police. Hayat Boumeddiene n'a jamais caché ses projets de départ à l’étranger dans un pays arabophone pour parfaire sa connaissance de l’arabe littéral, rapporte Le NouvelObs. Elle avait également refusé de condamner les attentats d’Al-Qaïda, préférant évoquer "les innocents tués par les Américains".

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Hayat Boumeddiene n’est, par ailleurs, pas inconnue des services de police. En 2010, après l’arrestation de son compagnon dans le cadre d’une tentative d’évasion de Smain Ait Ali Blekacem - un des responsable de la vague d’attentats à Paris en 1995 – elle confie aux enquêteurs de la Sous-Direction Antiterroriste (SDAT) ses convictions islamistes. L'enquête révèle d'ailleurs qu'une ligne téléphonique a été ouverte à son nom pour joindre Djamel Beghal, le maître d’œuvre de la tentative d'évasion de Smain Ait Ali Blekacem.

Un entraînement à l’arbalète. C'est d'ailleurs chez ce dernier qu'elle séjourne quelques temps, à Murat, dans le Cantal. En 2010, elle effectue en effet le voyage avec son compagnon, dans le village où logeait en résidence surveillée Djamel Beghal, condamné pour terrorisme et connu dans les milieux islamistes sous le nom de Abou Hamza.

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Elle y pose en photo, vêtue d’un voile intégral, s’entraînant au tir à l’arbalète, avec Amedy Coulibaly. Cinq plus tard, son compagnon a réellement pris les armes et tué au moins 5 personnes. Et Hayat Boumeddiene, elle, aurait donc fuit vers la Syrie, où sévit l’État islamique, le groupe terroriste dont Amedy Coulibaly s'est revendiqué.