L’Irlande du Nord toujours sous tension

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Cinq jours après la mort de Bobby Sands, l’IRA s’interroge sur la marche à suivre désormais.

La colère n’est toujours pas retombée en Irlande du Nord. Cinq jours après la mort de Bobby Sands, deux jours après les funérailles quasi-nationales du membre de l’IRA mort en prison le 5 mai suite à une grève de la faim, les violences se sont poursuivies. Samedi, trois soldats ont ainsi été grièvement blessés suite à l’attaque d’une caserne située près de la frontière avec la république d’Irlande.

Se débarrasser de l’étiquette de terroriste

Surtout, l’Armée républicaine irlandaise (IRA) s’interroge sur les suites à donner à cette affaire. Alors qu’aucun attentat d’importance n’a été perpétré depuis deux mois sur le territoire, le mouvement est divisé. Certains sont ainsi partisans de poursuivre sur la ligne pacifique, symbolisée par les grèves de la faim des prisonniers, qui continuent de réclamer l’obtention du statut de "prisonnier politique" pour les membres de l’IRA, supprimé en 1976 au profit de celui de "criminel de droit commun".

L’objectif de cette stratégie est aussi de changer la perception du mouvement auprès de la population, alors que l’image de terroriste lui colle à la peau. Enfin, l’IRA espère aussi, en cessant ses actions violentes, faire la preuve de sa représentativité auprès des catholiques d’Irlande du Nord. Avec près de 100.000 personnes dans la rue aux moments des obsèques de Bobby Sands, lui-même élu député lors d’élections partielles alors qu’il était emprisonné et avait entamé sa grève de la faim, le pari est gagné. Sur ce point-là, la stratégie pacifique est un succès.

"Monsieur Sands était un criminel condamné"

C’est le seul, arguent de leur côté les partisans d’une reprise de la lutte armée. On trouve ces militants belliqueux majoritairement au sein de l’IRA provisoire, l’aile armée du mouvement. Ceux-là parient que la Première ministre Margareth Thatcher restera sur sa ligne intransigeante. Ils s’appuient entre autre sur la réponse de la Dame de fer à une question sur la mort de Bobby Sands à la Chambre des Communes. "Monsieur Sands était un criminel condamné. Il a fait le choix de s'ôter la vie. C'est un choix que l'organisation à laquelle il appartenait ne laisse pas à beaucoup de ses victimes", avait-elle lancé, fidèle à son image.

Ils s’appuient aussi sur le manque de résultats des actions non violentes en prison. Ni la "blanket protest", qui consistait, en 1977-1978, pour les détenus de l’IRA, à refuser de porter l’uniforme des prisonniers, ni la "dirty protest", lancée en mars 1978 - toujours active, et au cours de laquelle les prisonniers politiques refusent de se laver et étalent leurs excréments sur le mur - n’ont amélioré leurs conditions de détention ou fait modifier leur statut par le pouvoir. Quant aux grèves de la faim, elles laissent Londres froide, malgré la détermination des grévistes. L’état de santé de Francis Hughues, 25 ans, qui refuse de s’alimenter depuis 57 jours, est d’ailleurs alarmant.

"Les gens de l’IRA se posent des questions", analyse François Ponchelet, d'Europe 1 :