Zimbabwe : le dernier pari de Mugabe

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avec AFP , modifié à
A 89 ans, dont 33 passés au pouvoir, Robert Mugabe brigue un nouveau mandat à sa propre succession.

Il veut envoyer Mugabe à la retraite, mais ça n’est pas gagné. Agé de 61 ans, Morgan Tsvangirai a promis de gagner face à Robert Mugabe lors de l’élection présidentielle qui s’est déroulée mercredi au Zimbabwe. Mais le président en place depuis l’indépendance du pays, acquise sur la Grande-Bretagne en 1980, est coriace. Les résultats définitifs sont attendus dans un délai de cinq jours maximum mais selon les premières estimations, les Zimbabwéens ont voté en masse.

Pas de sondages fiables. Aucune enquête d'opinion n'apparaît suffisamment fiable pour dire si cette promesse est de nature à se réaliser. Les deux rivaux apparaissant être au coude à coude. Les 6,4 millions d'électeurs zimbabwéens, appelés aux urnes mercredi pour désigner leur nouveau président, en décideront. C’est la troisième fois que  le chef de l'Etat sortant Robert Mugabe et son Premier ministre Morgan Tsvangirai s’affrontent lors d'une élection présidentielle.

Mugabe prêt à perdre ? Interrogé à la veille du scrutin pour savoir si son parti la Zanu-PF accepterait une éventuelle défaite, Mugabe a répondu : "Si vous entrez dans ce processus et que vous participez à une compétition dans laquelle il n'y a que deux issues, la victoire ou la défaite, vous ne pouvez pas connaître les deux. Si vous perdez, vous devez rendre les armes".

Des soupçons de fraudes. Les propos du chef de l'Etat semblent de nature à apaiser les craintes de voir se reproduire les violences qui avaient marqué le premier tour de l'élection de 2008 qu'il avait perdu. Néanmoins, un porte-parole du Mouvement pour le changement démocratique (MDC) de Tsvangirai a précisé que le parti n'accepterait le verdict des urnes que si le scrutin était "libre et équitable". Or le MDC a dénoncé mercredi des irrégularités dans la composition des listes électorales, publiées à moins de 24 heures du vote.

Ayant rencontré les responsables de la Commission électorale mardi, le ministre des Finances -et lieutenant de Morgan Tsvangirai- Tendai Biti a relevé qu'"ils admettent qu'il y a toujours deux millions de morts sur les listes électorales, mais ils disent que ces gens ne peuvent pas voter parce qu'ils sont morts". Deux autres millions de personnes (vivantes) n'ont pas pu s'inscrire sur les listes électorales, selon lui. Tendai Biti a également affirmé que de nombreux citoyens n'avaient pas pu voter, leur nom ne figurant pas sur les listes. Il a accusé des partisans de Robert Mugabe d'avoir distribué de fausses attestations d'inscription, qui permettaient à ceux dont le nom était introuvable sur les listes de voter tout de même.

Pas d’observateurs occidentaux. Quelque 200 partisans de Tsvangirai avaient été tués, en 2008, dans des affrontements avant qu'une paix soit établie grâce à la médiation de l'Afrique du Sud. Les observateurs occidentaux n'ont toutefois pas été autorisés à être présents dans le pays pour assister aux opérations électorales. Celles-ci seront contrôlées par 500 agents africains et 7.000 agents zimbabwéens. Selon le chef de la mission d'observateurs de l'Union africaine, le Nigérian Olusegun Obasanjo, les élections de mercredi ont été "pacifiques, ordonnées, libres et honnêtes".