Yémen : MSF appelle à un cessez-le-feu humanitaire à Aden

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avec Mélanie Nunes , modifié à
Dans cette ville au centre des combats, ni les blessés, ni les médecins ne peuvent arriver à l'hôpital, selon l'ONG.

La situation de guerre civile qui ravage le Yémen depuis plusieurs semaines inquiète la communauté internationale comme les ONG. Depuis le 19 mars, les affrontements ont fait plus de 540 morts et 1.700 blessés, a annoncé mardi l'Organisation mondiale de la santé. La Croix rouge se dit dans l'incapacité totale d'acheminer de l'aide médicale. Les équipes de l'association française Médecins sans frontières sont également engagées dans ce pays de la péninsule arabique mais leur travail est rendu très difficile par les combats quotidiens, notamment près d'Aden dans le sud-ouest du pays. La chef de mission de l'ONG au Yémen demande aux belligérants "une pause humanitaire au moins pendant quelques heures pour permettre aux blessés d'accéder aux hôpitaux, aux gens de ramasser leurs morts".

Une baisse soudaine du nombre de patients. Selon son site internet, l'association gère "une unité chirurgicale de 45 lits d'urgence" à Aden. Depuis quelques jours, les équipes de MSF ont noté un phénomène étrange. "En moyenne, nous avions 50 blessés par jour, avec des pics jusqu'à 110" dans l'hôpital géré par l'ONG, explique Marie-Elisabeth Ingres. Mais "soudainement, alors que les combats sont incessants, nous n'avons plus que 10 ou 15 personnes par jour" qui arrivent dans l'installation sanitaire.

Un cessez-le-feu permettrait "à la population d'Aden, prise en otage, de pouvoir bouger" mais aussi aux médecins, infirmières ou logisticiens de MSF de travailler. "Nous avons du personnel dans notre hôpital qui est bloqué depuis plusieurs jours ou qui ne peut pas nous rejoindre pour travailler car il y a des snipers dans les rues", déplore la chef de mission. 

Les rebelles chiites et leurs alliés, qui se sont emparés l'an dernier de la capitale Sanaa ainsi que de régions dans le centre et le nord du pays, ont effectué début mars une importante percée vers Aden, où est réfugié le président Abd Rabbo Mansour Hadi. Désormais, ils affrontent les forces loyalistes dans certains quartiers de la ville, où "les rues sont jonchées de corps dans certaines zones", décrit Marie-Elisabeth Ingres de MSF. Une coalition internationale, menée par l'Arabie saoudite, bombarde leur position pour tenter de bloquer leur avancée.

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