Yémen : l'enquête de l'ONU sur les crimes de guerre doit continuer, selon les enquêteurs

Plus de 10.000 personnes sont mortes au cours du conflit depuis 2015. Image d'illustration.
Plus de 10.000 personnes sont mortes au cours du conflit depuis 2015. Image d'illustration. © Saleh Al-OBEIDI / AFP
  • Copié
avec AFP , modifié à
Alors que le conflit a fait plus de 10.000 morts, un groupe d'experts missionné par l'ONU a conclu que toutes les parties prenantes au conflit ont potentiellement commis des "crimes de guerre".

Le groupe d'experts mandaté par le Conseil des droits de l'Homme de l'ONU pour enquêter sur les crimes de guerre au Yémen ont demandé mercredi aux États de renouveler leur mandat face à une situation "extrêmement alarmante".

Le Conseil des droits de l'Homme de l'ONU a décidé il y a un an, après des négociations ayant duré plusieurs années et ayant permis d'obtenir le soutien du Yémen et des pays arabes, d'envoyer des experts internationaux chargés d'enquêter sur les allégations de crimes de guerre au Yémen.

"Des enquêtes supplémentaires sont nécessaires". Dans leur rapport publié fin août, ces experts, dont le renouvellement du mandat doit être débattu jeudi ou vendredi à Genève, ont conclu que toutes les parties prenantes au conflit au Yémen ont potentiellement commis des "crimes de guerre".

S'exprimant mercredi devant le Conseil des droits de l'Homme, Kamel Jendoubi, chef du groupe d'experts, a expliqué qu'"au vu de la gravité de la situation et compte tenu du temps limité accordé au mandat, des enquêtes supplémentaires sont nécessaires". "La situation au Yémen continue d'être extrêmement alarmante", a-t-il dit, appelant les 47 États membres du Conseil à adopter à l'"unanimité" le projet de résolution déposé par un groupe de pays européens et par le Canada qui demande le renouvellement pour un an du mandat du groupe d'experts.

Pour le gouvernement yéménite, le groupe d'expert est "partial". Un autre projet de résolution, déposé par la Tunisie au nom du Groupe des pays arabes, ne mentionne pas le groupe d'experts mais demande que la Commission nationale d'enquête du Yémen, souvent critiquée, continue de se pencher sur le conflit.

Le ministre yéménite des droits de l'Homme, Mohamed Asker, a jugé mercredi que le groupe d'experts est "politisé et partial" et les a accusés d'avoir ignoré les "crimes terribles commis par les Houthis", qui ont repris la capitale Sanaa en 2014. L'ambassadeur d'Arabie saoudite auprès de l'ONU, Abdulaziz Alwasil, a de son côté accusé les enquêteurs d'avoir basé leurs conclusions sur des "conjonctures et suppositions".

La coalition militaire dirigée par l'Arabie saoudite est intervenue en mars 2015 au Yémen pour aider le pouvoir face aux rebelles Houthis qui s'étaient emparés de vastes pans du territoire. Depuis mars 2015, le conflit a fait plus de 10.000 morts et provoqué la pire crise humanitaire du monde, selon les Nations unies.