Xi Jinping, ce féroce "Monsieur tout-le-monde"

Au pouvoir depuis un peu plus d'un an, Xi Jinping a su développer l'image d'un homme proche du peuple.
Au pouvoir depuis un peu plus d'un an, Xi Jinping a su développer l'image d'un homme proche du peuple. © REUTERS
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et Anthony Dufour , modifié à
PORTRAIT - Au pouvoir depuis un an, le président chinois s'affiche en "monsieur tout-le-monde". Tout en dirigeant le pays d'une main de fer.

L'HOMME. En un peu plus d'un an, Xi Jinping a réussi à mettre en place un vrai culte de la personnalité autour de lui. Le président chinois, en visite en France, apparaît quasi-quotidiennement dans les médias officiels et cultive son image d'homme proche du peuple, qui n'hésite pas à s'attabler dans un restaurant populaire pour y manger des raviolis, ou même à tenir lui-même son parapluie. Derrière ce visage se cache toutefois un homme d'Etat féroce, dont la croisade anti-corruption a surtout pour intérêt d'écarter d'éventuels rivaux.

Visite surprise dans une gargote de Pékin. C'était en décembre dernier, dans un restaurant de Pékin. Sous l’œil ébahi des clients de cette gargote populaire, le président chinois en personne s'est installé, sans caméras autour de lui, pour déguster des petits pains à la vapeur, sans oublier de régler lui-même l'addition. L'anecdote illustre la stratégie de communication de Xi Jinping, 61 ans, qui adore montrer à quel point il est proche du peuple, par exemple en se promenant sur la place Tiananmen, en plein Pékin, un jour de pic de pollution.

Un "prince rouge". Pourtant, Xi Jinping appartient à la catégorie des "princes rouges", ces nouveaux mandarins issus de familles liées depuis longtemps au régime. Son père, Xi Zhongxun, fut en effet l’un des pères fondateurs de Parti communiste chinois (PCC), avant d’être déchu lors de la révolution culturelle dans les années 60. Cela n’empêche pas la famille d’être à la tête d’une fortune colossale de plus de 290 millions d’euros, selon une enquête de Bloomberg qui a valu au site de l’agence d’être suspendu quelques jours en Chine pendant l’été.

17e congrès du parti communiste chinois, 2007

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Malgré ses origines et sa fortune, Xi Jinping a gravi un à un les échelons du PCC, rejoint en 1974 après avoir mené des études de chimie dans une prestigieuse université pékinoise. Peu à peu, Xi Jinping, plus affable que l’austère Hu Jintao, progresse dans la hiérarchie, devenant secrétaire local du PCC dans diverses provinces jusqu’à être nommé chef du Parti à Shanghai en 2007. Xi Jinping était déjà connu avant 2013 pour son franc-parler, souligne la BBC. En 2009, lors d’un voyage au Mexique, il n’hésite pas à dézinguer ceux qui osent exprimer des craintes sur la puissance de la Chine, fustigeant ces "étrangers au ventre plein qui n’ont rien de mieux à faire que nous pointer du doigt".

Une "Carla Bruni chinoise". Il dispose aussi d’un atout de charme : son épouse, Peng Liyuan, est une chanteuse pop très connue pour ses chants à la gloire du régime, surnommée la "Carla Bruni chinoise".

Peng Liyuan est connue pour ses chants patriotiques :

Grâce à cette élégante quinquagénaire, les Chinois se sont découvert une Première dame lors de sa première apparition en public en mars 2013, lors d'un déplacement du couple présidentiel à Moscou. 

Le "rêve chinois". En un an, "Tonton Xi" s'est aussi forgé une réputation d'intransigeance sur la scène internationale. Il n'hésite pas à accroître les dépenses militaires chinoises, au risque d'inquiéter ses voisins. Xi Jinping se fait le promoteur d'un "rêve chinois" d'une Chine puissante et riche, aux accents nationalistes.

La lutte contre la corruption. Son autre credo, c'est la lutte acharnée contre la corruption. Xi Jinping affiche depuis plusieurs années une tolérance zéro envers les cadres du parti corrompu. Gouverneurs, patrons de la police et autres hauts responsables n'échappent pas à la purge. C'est notamment le cas de Zhou Yongkang, ex-membre du comité permanent du Bureau politique du PC chinois et patron des organes de sécurité jusqu'en 2012, le plus haut responsable chinois jamais mis sous enquête. 

Xi Jinping, le président chinois

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Les nombreux procès retentissants d'affaires de corruption ne sont pas qu'un affichage. Pour Xi Jinping, ils ont aussi l'avantage d'écarter d'éventuels rivaux. En moins d'un an, le féroce "prince rouge" a réussi à concentrer tous les pouvoirs, mais aussi à mener une répression sans précédent contre les journalistes et les blogueurs, qui voudraient bien parler d'autre choses que des raviolis du président. Les médias reçoivent leurs ordres du pouvoir directement par SMS. Ceux qui ne sont pas d'accord, eux, écopent de séjours en prison de plus en plus longs.

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