Washington négocie avec les talibans

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avec Jean-Philippe Balasse, à New York , modifié à
En confirmant ces tractations, Robert Gates a usé de pédagogie pour rassurer les Américains.

Pour les Américains, encore marqués pas les attentats du 11 septembre 2001, taliban est synonyme d’ennemi juré, et d’allié d’Al-Qaïda. C’est pourquoi Robert Gates, secrétaire d'Etat américain à la Défense, a dû user de pédagogie lorsqu’il s’est rendu dimanche sur le plateau de CNN pour confirmer que les Etats-Unis négocient avec les talibans afghans pour obtenir une réconciliation.

"Avant tout, je rappelle que nous venons de tuer le responsable des attentats du 11-Septembre, nous avons eu aussi beaucoup de membres d’Al-Qaïda ces dernières années", a-t-il rappelé, d’un ton calme et presque neutre. "Souvenez vous en Irak, nous avons réussi à discuter directement avec ceux qui ont été impliqués dans la mort de nos soldats. C’est ainsi que les guerres se terminent", a insisté Robert Gates.

Ces déclarations interviennent au lendemain de celles du président afghan Hamid Karzaï qui a affirmé samedi que les Etats-Unis avaient entamé des négociations avec les talibans. Il s'agissait de la première confirmation officielle de pourparlers directs entre Washington et ceux qui ont été chassés du pouvoir fin 2001 par une coalition militaire internationale dirigée par les Etats-Unis, mais dont la sanglante rébellion a gagné du terrain ces dernières années.

L’interview du secrétaire d’Etat à la Défense, non sous-titrée :

L’objectif de ces discussions est de favoriser le processus de réconciliation après bientôt 10 ans de guerre. "Je pense qu'il y a eu une volonté de discuter de la part d'un certain nombre de pays, y compris les Etats-Unis", a précisé Robert Gates, avant d’ajouter : "je dirais que ces contacts sont tout à fait préliminaires à ce stade".

Trouver les bons interlocuteurs

Encore faut-il que les Etats-Unis trouvent les bons interlocuteurs, qui représentent vraiment les talibans. Il est crucial de déterminer "qui représente vraiment les talibans", avant de s'engager dans des discussions avec quelqu'un qui prétend représenter le chef des talibans, le mollah Omar, a expliqué Robert Gates. "Nous ne voulons pas nous retrouver à discuter à un moment donné avec quelqu'un qui est en fait un indépendant".

Le retrait américain d’Afghanistan pourrait donc être plus rapide que prévu, d’autant que le secrétaire d’Etat à la Défense ne cache pas que les Américains "sont fatigués" de la guerre.