Waka Flocka Flame, ce rappeur qui "brigue" la Maison-Blanche

© Le rappeur Waka Flocka Flame estime qu'Hillary Clinton est sa "seule rivale sérieuse". Alberto E. Rodriguez / GETTY IMAGES NORTH AMERICA / AFP
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Waka Flocka Flame de son nom de scène "brigue" symboliquement la présidence pour légaliser le cannabis aux Etats-Unis. Petit problème, il n'a pas l'âge légal pour pouvoir se présenter.

Un rappeur-président ? La campagne présidentielle de 2016 va-t-elle tourner à la battle de rap ? Loin des Clinton et autres Bush, c'est un candidat surprise un peu particulier qui fait parler de lui actuellement, puisqu'il ne s'agit pas d'un politicien de métier et encore moins d'un Républicain ou d'un Démocrate, mais bien d'un rappeur de 28 ans. Son nom : Waka Flocka Flame. Le jeune homme s'était officiellement déclaré candidat le 6 novembre 2014, juste après les élections de mi-mandat. Il vient de donner mardi 20 avril une longue interview au magazine Rolling Stone (en anglais) pour expliquer les raisons d'un tel engagement en politique. Le choix de la date n'a rien d'anodin pour ce militant de la légalisation de la marijuana : le 20 avril aux Etats-Unis, des milliers d'Américains se réunissent pour consommer du cannabis, notamment dans le parc du Golden Gate à San Francisco.  

L'interview de Waka Flocka Flame accordée à Rolling Stone

 

Il n'a même pas le droit de se présenter. Dans le paysage politique américain cadenassé, c'est peu dire que Wacka Flocka Flame détonne. Par son apparence d'abord, qui ne correspond pas vraiment au look policé des politiciens de métier. Rien à voir avec les habituels costumes-cravates et les brushings grisonnants millimétrés des Joe Biden, Ted Cruz ou autres Jeb Bush. Waka Flocka Flame, Juaquin James Malphurs de son vrai nom, arbore des dizaines de tatouages et de longues tresses sous une inamovible casquette. Pas mégalo, "Waka" sait bien qu'il n'a aucune chance de l'emporter dans cette élection. D'ailleurs, il n'a même pas l'âge légal requis (35 ans) pour briguer la Maison-Blanche. 

La politique, un business comme un autre. Cette candidature relève donc plus du symbole, voire, au pays du rêve américain et du show-business, du coup marketing savamment orchestré. Waka n'en est pas à son coup d'essai : pour mieux se faire connaître, il avait également participé en 2014 à une émission de télé-réalité dont il était le personnage principal. Un comportement parfaitement assumé par le principal intéressé : "Waka est un produit de consommation, une franchise, une marque, un label", avait-il confié au magazine The Interview (en anglais) en 2012, au moment de la réélection de Barack Obama. Tout sauf un hasard, puisque dès cette époque, Waka a mis en branle sa "campagne" appuyé par son partenaire DJ Whoo Kid, qui deviendrait son vice-président en cas de victoire. Très actif sur Twitter où il se fait déjà surnommer "Le Président", il a réussi à rassembler une large communauté sous la bannière de "Wakaforpresident", le cri de ralliement de ses soutiens. Et propose depuis des T-shirts de soutien à sa candidature pour 20 euros.

De la Palestine à Aulnay-sous-Bois. Moitié railleur, moitié sérieux, Waka multiplie depuis les provocations : "Hillary est ma seule concurrente sérieuse", affirme-t-il, très sérieux, à Rolling Stone. Si sur la forme, Waka est indéniablement doué pour attirer l'attention, il a su se démarquer également sur le fond. Son principal leitmotiv ? Une légalisation fédérale du cannabis, déjà autorisé dans de nombreux Etats du pays. Son "programme" comprend d'autres mesures plus cosmétiques, come l'interdiction de venir au restaurant avec son chien. De quoi animer encore plus une campagne qui, comme souvent aux Etats-Unis, promet pourtant d'être riche en déclarations truculentes et autres accusations diffamatoires. Bien décidé à agir sur les mœurs en terme de politique intérieure, le rappeur a aussi pris des positions géopolitiques très fermes : "Free Palestine, free Kurdistan" (Libérez la Palestine et le Kurdistan). 

A l'instar du francophile John Kerry, Waka est également ouvert sur l'Hexagone, comme en témoigne un de ses clips, tourné à Aulnay-sous-Bois : 

Dans une analyse musicale du "style Waka", le magazine Pitchfork (en anglais) voit en lui "un pragmatique ambitieux qui privilégie la témérité des actes à la nuance et la complexité de la morale". En musique comme en politique, tel semble être le style de Waka, qui répond ainsi aux critiques de ceux qui le taxent de carriériste dans ses chansons: "Haters everywhere, but I don"t really care" (Les jaloux sont partout, mais je m'en fous). Pas sûr cependant que ce slogan ait le même succès qu'un certain "Yes we can"...

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