Visite du Pape en Irlande : des blessures ravivées et un sentiment d'inachevé

Lors de ses deux jours de visite en Irlande, le pape François a demandé "pardon" aux victimes d'abus commis par le clergé dans le pays.
Lors de ses deux jours de visite en Irlande, le pape François a demandé "pardon" aux victimes d'abus commis par le clergé dans le pays. © AFP
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Pauline Jacot, édité par Margaux Lannuzel , modifié à
Le pape François achève dimanche soir une visite de deux jours officiellement consacrée à la Rencontre mondiale des familles, mais qui n'a cessé d'être parasitée par le dossier explosif des abus du clergé dans ce pays. 
REPORTAGE

La visite restera de toute façon historique : un pape ne s'était pas rendu en Irlande depuis 40 ans. Mais quel bilan tirer du déplacement de François dans ce pays, particulièrement touché par les abus sexuels du clergé - 14.500 victimes déclarées depuis 2002 ? Un sentiment mitigé, malgré les excuses du Saint-Père, formulées à plusieurs reprises. 

"Ça va venir, j'ai bon espoir". Pendant deux jours, des milliers de personnes ont voulu être là, pour voir le pape et le saluer. Mais les scandales sexuels ont marqué toutes les discussions, notamment lorsqu'un prélat a accusé François d'avoir couvert le cardinal américain Theodore McCarrick. Pour beaucoup d'Irlandais, la visite est donc encourageante, mais laisse un goût d'inachevé. "Je crois qu'il fait bien les choses, il faut rendre ces prêtres responsables de leurs actes", explique Jerry, interrogé par Europe 1. "Ça va venir, j'ai bon espoir. C'est trop important pour mettre ça sous le tapis. C'est horrible pour une famille, pour de jeunes enfants. Mais on va s'en sortir."

Des blessures secrètement enterrées. Tout le week-end, les portraits de victimes d'abus sexuels ont été projetés sur plusieurs bâtiments de Dublin. Des hommages pour les femmes et les enfants maltraités par l'Eglise se poursuivent, dimanche soir. Beaucoup d'Irlandais ont aussi choisi de boycotter la visite du pape, sans altérer la joie des catholiques très pratiquants. "Je crois que parfois les choses ne doivent pas être appréciées par le nombre de gens", explique une Irlandaise. "Le décompte de personnes présentes, c'est une chose, mais ça ne rend pas honneur aux vrais croyants qui sont là pour supporter leur chef." Des deux côtés, tous s'accordent sur un point : cette visite a fait ressortir les blessures de l'Irlande, secrètement enterrées pendant des années.