Violences au Proche-Orient : "on a d'abord affaire à un manque d'horizon politique"

Frédéric Encel.
Frédéric Encel. © Capture d'écran Europe 1
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A.D , modifié à
Le géopoliticien Frédéric Encel ne voit pas la situation s'envenimer à l'échelle internationale mais redoute une escalade de la violence sur le terrain par manque de concertation.
INTERVIEW

Le Conseil de sécurité de l'ONU examine aujourd'hui la question des violences ravivées entre Palestiniens et Israéliens depuis la mort vendredi 14 juillet de deux policiers israéliens à proximité de l'Esplanade des mosquées à Jérusalem, troisième lieu saint de l'islam. Un premier acte qui a entraîné une escalade de violence dans la région. Frédéric Encel, maître de conférences et géopoliticien, était l'invité de la matinale d'Europe 1 pour décrypter ces tensions.

Le Conseil de sécurité sans solution directe. Le spécialiste des relations israélo-palestiniennes se montre pragmatique : la réunion ne devrait pas aboutir sur "grand-chose. Au Conseil de sécurité, on s'entend en général assez mal sur les questions proche-orientales." L'intérêt de cette réunion est donc avant tout d'éviter de "donner l'impression qu'on ne se préoccupe pas" de la question de Jérusalem, explique-t-il. "Ça ne veut pas dire qu'on ne trouve pas de solution mais que sur le terrain, ce n'est pas au Conseil de sécurité qu'on va pouvoir régler directement les choses." En matières de solutions, Frédéric Encel rappelle notamment le processus de paix d'Oslo en 1993. "C'était très important. Il n'en reste plus grand-chose mais il a été validé à l’époque par le Conseil de sécurité."

"Manque d'horizon politique." L'ONU tire la sonnette d'alarme puisque les violences récentes ont coûté la vie de huit personnes. Ce climat de tensions a poussé entre autres à l'installation de détecteurs de métaux au niveau de l'Esplanade des mosquées. Une mesure qui a créé la polémique du côté palestinien. "Les mesures techniques de ce type existent partout. Mais premièrement, il n'y a pas eu de concertation et deuxièmement, on a d'abord affaire à un manque d'horizon politique. A partir du moment où il n'y a pas de processus de paix - le dernier date de 2014 - le moindre prétexte, la moindre échauffourée, la moindre mesure technique sur le terrain risque de donner quelque chose d'épouvantable et des violences beaucoup plus importantes." 

Pas d'intérêt à envenimer la situation. Les prochains jours devraient être à l'image de l'ensemble du conflit, selon le spécialiste. "Il y a eu des flambées de violence et des volontés de vengeance mais il n'y a pas eu de troisième Intifada. Le monde arabe aujourd'hui et notamment les voisins d'Israël et de la Palestine ont d'autres chats à fouetter. Aujourd'hui, les seuls qui ont intérêt à envenimer les choses, c'est le Hamas palestinien, mais il est très isolé."