Viaduc effondré à Gênes : quelles conséquences économiques pour la ville ?

Pont Morandi, Gênes, MARCO BERTORELLO / AFP 1280
L'effondrement du viaduc Morandi à Gênes a provoqué la mort de 43 personnes. © MARCO BERTORELLO / AFP
  • Copié
Gwendoline Debono, édité par Grégoire Duhourcau
Chaque année, 25 millions de véhicules empruntaient le pont Morandi afin d'éviter la traversée de Gênes. La catastrophe risque donc d'avoir un fort impact sur l'économie de la ville.
L'ENQUÊTE DU 8H

Habitants, transporteurs, touristes... tous circulaient quotidiennement sur le viaduc Morandi. Chaque année, 25 millions de véhicules évitaient la traversée de Gênes en empruntant le pont qui s'est effondré mardi dernier, provoquant la mort de 43 personnes. La catastrophe risque donc d'avoir de lourdes conséquences sur l'économie de la ville.

Tout d'abord, il faut comprendre les répercussions de l'accident au regard de la géographie de Gênes. C'est une vallée enclavée entre les montagnes et la Méditerranée. Son port, en plein développement, est aujourd'hui le plus important d'Italie. Pas moins de 69 millions de tonnes de marchandises y transitent chaque année.

La crainte que les entreprises évitent le port de Gênes. Le bureau d'Antonio donne sur les conteneurs, l'activité principale du port. Il emploie 1.500 dockers et redoute que les entreprises contournent le port à la rentrée : "On risque de perdre en activité parce que les armateurs peuvent dire : 'Ok, le camion ou le ferry n'arrivent pas dans les temps.' Eh bien ils vont dans d'autres ports comme Savona ou Spezia."

"Et encore. Là, il y a de toute façon moins de travail parce qu'on est en août. Mais quand tous les camions vont recommencer à circuler la journée, quand l'école va reprendre, les entreprises aussi, là ça va faire du monde ! Et ça, c'est un gros problème", souligne-t-il par ailleurs. Antonio estime qu'il faudra environ deux ou trois mois pour mesurer les conséquences concrètes de l'effondrement du viaduc sur le port.

Le pont était "comme l'aorte" de Gênes

Au total, 5.000 camions se rendent au port de Gênes chaque jour. Mais ils étaient beaucoup plus nombreux à emprunter le pont Morandi. "Le nœud autoroutier de Gênes est un nœud européen. C'est-à-dire que de Gênes aux ports du nord, dans les Flandres et Rotterdam, c'était le tracé principal pour l'Europe. Ça passait par le pont. Le pont c'est comme l'aorte de l'organisme logistique de la ville. On ne peut pas être esclave d'un seul point de communication", explique Paolo Odone, directeur de la Chambre de commerce de Gênes.

Quelles solutions ? Dans un premier temps, il faudra donc utiliser d'autres artères, mais celles-ci obligeront les camions à passer en centre-ville. Tout le trafic sera congestionné. Le temps, voilà donc la véritable perte des commerçants et habitants de la ville de Gênes.

Selon une source gouvernementale italienne, il faudra quelques semaines pour dégager totalement les débris du pont. Ensuite, toutes les parties restantes du viaduc seront démolies. La construction d'une bretelle d'autoroute est envisagée mais il faudra, de toute façon, reconstruire le pont. La société autoroutière dit être capable de le faire en huit mois. D'après tous les spécialistes interrogés par Europe 1, cela est irréaliste.