Venezuela : accusé de complot, le maire de Caracas arrêté

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Le maire de la capitale vénézuélienne a été arrêté jeudi. Le président Nicolas Maduro le suspecte d'avoir ourdi un complot contre lui. 

Nicolas Maduro est-il à nouveau pris par une crise complotiste au Venezuela ? Certains s'interrogent après l'arrestation du maire de Caracas jeudi par les services de renseignement, qui le soupçonnent d'avoir voulu renverser le président Nicolas Maduro. "Antonio Ledezma, qui a été arrêté aujourd'hui sur ordre du parquet, doit être inculpé par la justice vénézuélienne pour qu'il réponde de tous les délits commis contre la paix dans le pays, la sécurité, la Constitution", a déclaré Nicolas Maduro, qui avait dénoncé la semaine dernière une tentative présumée de coup d'Etat.

80 personnes pour l'arrêter et une foule de curieux. L'arrestation d'Antonio Ledezma, une importante figure de l'opposition vénézuélienne, a été menée par près de 80 membres des services de renseignement qui se sont présentés à ses bureaux dans l'est de la capitale en fin d'après-midi. Selon l'épouse du maire, dix blindés ont fait irruption devant les locaux, desquels est sorti "tout un déploiement [sans] mandat d'arrêt", a ajouté son avocat. "Ils ont emmené Antonio Ledezma en le frappant, ils ont détruit tout ce qu'ils ont trouvé sur leur passage, ils ne lui ont pas laissé le temps de parler, ils n'ont pas laissé de temps pour informer qui que ce soit", a déclaré son épouse. En sortant de l'immeuble, les fonctionnaires ont "tiré en l'air à plusieurs reprises" pour disperser une foule de curieux, a-t-elle raconté. Le maire a annoncé son arrestation en direct sur les réseaux sociaux : "Mon bureau est perquisitionné en ce moment même par des policiers du régime."

Un complot des Etats-Unis. Lors d'une allocution télévisée tenue après l'arrestation, Nicolas Maduro a réaffirmé que "le vampire", comme il surnomme Ledezma, avait ourdi un complot avec l'appui des Etats-Unis. Pour preuve, le président socialiste a cité un document signé par le maire de Caracas, le dirigeant de l'opposition Leopoldo Lopez et Maria Corina Machado, une ex-députée. Intitulé Accord national pour la transition, le document, diffusé par la presse locale, présente une série de propositions politiques et économiques. Washington a rapidement répondu que "les accusations portées par le gouvernement vénézuélien [...] sont sans fondement et fausses".

Ledezman, vétéran de l'opposition dans le pays, est suspecté d'être l'origine des dures manifestations étudiantes de 2014, qui ont mis à mal l'autorité de Nicolas Maduro. Le chef de l'Etat lui reproche aussi sa participation au mouvement "La Salida" ("la sortie", en espagnol) qui cherche à faire chuter Maduro.

Le président Nicolas Maduro a hérité de son prédécesseur une angoisse du putsch et un goût pour la dénonciation de complots, pour lesquels il n'apporte que rarement des preuves. Ses opposants perçoivent cette stratégie politique comme une manière de faire oublier ses difficultés à redresser l'économie d'un pays en crise depuis plusieurs mois.