Venezuela : le chauffeur de bus devenu président

Nicolas Maduro est loin d'être aussi flamboyant que son mentor, Hugo Chavez.
Nicolas Maduro est loin d'être aussi flamboyant que son mentor, Hugo Chavez. © REUTERS
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Charles Carrasco et avec agences , modifié à
PORTRAIT - Héritier désigné par Chavez avant sa mort, Nicolas Maduro a été élu président dimanche.

La personnalité. Il n'a pas le charisme et l'éloquence de son mentor. Mais Nicolas Maduro a bénéficié de l'onction d'Hugo Chavez, avant sa mort, ce qui lui a permis d'être élu dimanche président du Venezuela. Fidèle parmi les fidèles, l'ancien chauffeur de bus, âgé de 50 ans, était le vice-président du "Comandante". Pendant sa campagne, il n'a cessé de proclamer sa fidélité à Hugo Chavez, emporté par un cancer le 5 mars. Tout en laissant entrevoir, par petites touches, son propre style.

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Deux destins politiques liés. Nicolas Maduro et Hugo Chavez, ce sont deux destins politiques intimement liés. Un signe qui ne trompe pas : le "numéro deux" a obtenu son premier mandat de député en 1999, sous la bannière du "Mouvement 5e République", fondé par Hugo Chavez, la même année où l'ancien président vénézuélien est arrivé au sommet du pouvoir.

L'ascension de cet ancien chauffeur de bus à la haute stature a été accélérée aux côtés du "Presidente".

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© Reuters

Il faut dire que Nicolas Maduro a été présent dans tous les bons coups, comme dans les moments difficiles. Ils s'étaient déjà croisés au sein du "Mouvement révolutionnaire bolivarien 200" (MBR-200), également créé par Hugo Chavez, à la tête duquel il avait mené son coup d'État manqué contre le président Carlos Andrés Pérez en 2002. "Regardez où va Nicolas, le chauffeur de bus Nicolas. Il était chauffeur de bus, et comme ils se sont moqués de lui !", s'était exclamé Hugo Chavez en le nommant vice-président.

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© REUTERS

L'homme providentiel pendant la maladie du "Comandante". Quelques mois avant la mort du président malade, il est apparu comme l'homme providentiel au sein de l'appareil chaviste, avant de devenir président par intérim. Dès les premiers allers-retours à Cuba du descendant spirituel de Bolivar, le libérateur de l'Amérique du sud, il est devenu l'un des visiteurs les plus assidus au chevet du président. Quitte à manquer le premier sommet des chefs d'État du Mercosur à Brasilia depuis l'adhésion du Venezuela au marché économique sud-américain. Pendant la maladie d'Hugo Chavez, Nicolas Maduro est devenu la voix du "Comandante" depuis Cuba, faisant des déclaration presque quotidiennes sur Télé Sur, la chaîne financée en partie par le régime vénézuélien.

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La haute silhouette et l'épaisse moustache de ce membre de l'aile modérée du chavisme est devenue ces derniers mois presque familière dans les rendez-vous internationaux, tant le leader vénézuélien, déjà très affaibli, avait souvent dû céder sa place.

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© Capture d'écran BFMTV

Un modéré qui a durci le ton. Nicolas Maduro a néanmoins une différence avec son mentor : il est moins bruyant verbalement que le président disparu. Cet ex-syndicaliste est davantage reconnu pour son ton conciliant, sa grande capacité à négocier et à exercer une influence sur les différentes tendances du chavisme. Il a aussi laissé transparaître un certain attrait pour le mysticisme oriental, notamment quand il a assuré avoir vu Hugo Chavez réincarné dans un petit oiseau. Ses proches louent son "intelligence" et sa capacité d'analyse.

Modéré, il a tout de même durci le ton depuis qu'il exerce de fait le pouvoir, dénonçant les "ennemis de l'intérieur et de l'extérieur" et reprenant à son compte la rhétorique chaviste contre les "bourgeois" et les "parasites". Fin politicien, Nicolas Maduro a compris qu'il devait remplir son rôle d'héritier. Une fois élu, il lui faut désormais trouver son propre style.