"Vatileaks" : c'était un collectionneur compulsif

L'ex-majordome du pape, accusé d'avoir volé et transmis des centaines de documents confidentiels.
L'ex-majordome du pape, accusé d'avoir volé et transmis des centaines de documents confidentiels. © Reuters
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Charles Carrasco avec AFP , modifié à
L'ex-majordome gardait des documents sur le yoga, la franc-maçonnerie et les affaires d'espionnage.

Mais qui est donc vraiment Paolo Gabriele ? La saisie de plus d'un millier de documents dans ses appartements, lors d'une perquisition le 23 mai, entretient toujours le mystère autour du rôle de l'ex-majordome au sein du Vatican et de sa personnalité. 

Au troisième jour de son procès, les enquêteurs ont raconté avoir découvert que ce proche du Saint-Père était un passionné d'ésotérisme et d'espionnage et qu'il collectionnait des articles de journaux par milliers soigneusement découpés ou bien téléchargés sur Internet.

Des documents sur le Pape

Très classiquement, certains documents concernaient Benoît XVI, les rivalités au Vatican ou la banque du pape IOR (Institut pour les œuvres de religion). "Il y avait des documents en langage crypté (utilisé dans les échanges entre la secrétairerie d'Etat et les nonciatures). Il y avait bien plus de documents que ceux publiés dans le livre" Sua Santita, par le journaliste italien Gianluigi Nuzzi, paru en mai, a raconté l'inspecteur Silvano Carli.

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"Il y avait des dizaines et des dizaines de documents sur le Saint-Père, la Secrétairerie d'Etat et les autres congrégations, sur la vie purement privée et la vie de famille du Saint-Père", a-t-il insisté.

Le yoga, le bouddhisme ou Berlusconi

Silvio Berlusconi, 930

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D'autres documents sont, en revanche, beaucoup plus mystérieux. Ils font référence à une loge maçonnique, à des affaires d'espionnage, à l'ésotérisme, au yoga ou bien encore au bouddhisme et ses relations avec le christianisme. Le majordome semblait habité par une "boulimie" et un goût prononcé par les enquêtes secrètes et ses "mystères" encore irrésolus.

Pas déconnecté des affaires politiques, l'ex-majordome de Benoît XVI s'intéressait aussi à certains dossiers sur l'ancien président du Conseil italien, Silvio Berlusconi.

Il cherchait également à approfondir l'affaire "Calvi", la mort suspecte en 1982 de ce banquier italien, surnommé "le banquier de Dieu", retrouvé pendu sous le pont des Blackfriars de Londres. L'enquête avait montré que la banque, qui a déposé le bilan, recyclait l'argent de la mafia sicilienne, en relation avec une loge maçonnique P2 travaillant pour la CIA.

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"J'aime lire, j'aime étudier"

Un des policiers qui a enquêté, Stefano De Santis, a aussi révélé pendant l'audience de mercredi que des documents saisis expliquaient comment utiliser un téléphone portable en cachette ou comment faire des vidéos.

Ce 23 mai, Paolo Gabriele s'était adressé fièrement aux enquêteurs pendant la perquisition, devant l'armoire et la bibliothèque regorgeant de papiers : "Vous avez vu comme j'aime lire ? Vous avez vu comme j'aime étudier ?" Les enquêteurs ont fini par comprendre que les documents concernant le pape étaient "habilement dissimulés" au milieu du désordre.

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