Unesco : les États-Unis coupent les vivres

Le ministre des Affaires étrangères Palestinien Riyad al-Malki et l'ambassadeur Palestinien auprès de l'Unesco après l'adhesion de la Palestine à l'organisation.
Le ministre des Affaires étrangères Palestinien Riyad al-Malki et l'ambassadeur Palestinien auprès de l'Unesco après l'adhesion de la Palestine à l'organisation. © REUTERS
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Tugdual de Dieuleveult avec agences , modifié à
REACTIONS - Des voix s’élèvent après l’adhésion de la Palestine à l’Unesco.

C’est officiel, la Palestine fait désormais partie de l’Organisation des Nations Unies pour l’éducation, la science et la culture (Unesco). La résolution examinée lundi a été adoptée par 107 voix pour, 52 abstentions et 14 voix contre. Mais, malgré cette victoire, les réactions ne sont pas toutes positives.

Un vote "contreproductif"

"Le vote d'admission de l'Autorité palestinienne aujourd'hui à l'Unesco est prématuré et contreproductif vis-à-vis de l'objectif de la communauté internationale de parvenir à une paix complète, juste et durable au Proche-Orient", a ainsi affirmé, lundi, le porte-parole du président américain Barack Obama, Jay Carney. 

Les États-Unis ont annoncé lundi la suspension de leur contribution financière au budget de l'Unesco. "Nous devions effectuer un versement de 60 millions de dollars à l'Unesco en novembre et nous ne le ferons pas", a déclaré la porte-parole du département d'Etat Victoria Nuland. En effet, le pays  est tenu par deux lois du début des années 1990 qui interdisent le financement d'une agence spécialisée des Nations unies qui accepterait les Palestiniens en tant qu'Etat membre à part entière, en l'absence d'accord de paix avec Israël. Ce non financement par Washington amputerait le budget de l’Unesco de 22% (70 millions de dollars).  

Hypothèque sur les chances d’un accord de paix

Israël devrait suivre les Américains et retirer sa dotation. Selon l'ambassadeur israélien Nimrod Barkan, le budget de l'Unesco serait ainsi amputé d'un quart de son montant. "Cela deviendra impossible pour l'Unesco de remplir sa mission", a-t-il conclu.Pour le gouvernement de Benyamin Netanyahou, cette adhésion à l’Unesco "nuit au processus de paix". Le ministre Israélien des Affaires étrangères, estime qu’"il s'agit d'une manœuvre palestinienne unilatérale qui n'apportera aucun changement sur le terrain, mais hypothèquera un peu plus les chances de parvenir à un accord de paix".  

"Cette décision ne fera pas de l'Autorité palestinienne un Etat à part entière et place de nouveaux obstacles sur la voie de la reprise des négociations", a-t-il ajouté dans un communiqué.

"Un moment historique"

Mais du côté palestinien, l'heure est à la fête. Pour Riyad Al-Malki, le ministre des Affaires étrangères de l'Autorité palestinienne, cette adhésion constitue "un moment historique qui rend à la Palestine certains de ses droits. La Palestine est le berceau des religions et des civilisations". 

Mahmoud Abbas, le président de l’autorité Palestinienne a, quant à lui, qualifié ce vote de "victoire de la justice", ajoutant que "l'admission de la Palestine à l'Unesco est une victoire du droit, de la justice et de la liberté".

Elias Sanbar, l’ambassadeur de la Palestine auprès de l’Unesco, s’est de son côté félicité de l’adhésion lundi de son pays à l’organisation internationale. "Ça a été une journée extrêmement importante pour nous", a réagi sur Europe 1 le diplomate. "Cela marque la fin de quelque chose et le début d’une nouvelle étape. Ce qui est fondamentalement le plus important, ce n’est pas que nous rejoignons l’Unesco, mais une agence de l’ONU", a-t-il conclu.

"La France dit oui"

En dépit de ses mises en garde ces derniers jours contre une démarche qu'elle jugeait prématurée, la France a voté aujourd'hui en faveur de l'adhésion des Palestiniens à l'organisation en tant qu'État membre.

"Aujourd'hui, la question qui était posée était de savoir si la communauté internationale répondait oui ou non à la demande d'adhésion de la Palestine à l'Unesco", a fait valoir Bernard Valero, le porte-parole du ministère français des Affaires étrangères. "A partir du moment où elle l'est, il nous faut prendre nos responsabilités et répondre sur le fond. Et sur le fond, la France dit oui, la Palestine a le droit de devenir membre de l'Unesco".