A l'énoncé de la décision, le moustachu Viktor Bout a fait un signe de victoire. La justice thaïlandaise a rejeté mardi la demande d'extradition de ce Russe de 42 ans vers les Etats-Unis où il est accusé de terrorisme et qui ont exprimé leur déception et leur surprise. La cour lui a toutefois ordonné de rester en détention pendant 72 heures, le temps pour l'avocat général d'interjeter appel.
Viktor Bout, surnommé le "Marchand de Mort" et qui avait inspiré le personnage du film Lord of War, symbolise le trafiquant d'armes international, malin et insaisissable, qui a profité de la chute de l'empire soviétique pour bâtir un empire.
Il avait été arrêté le 6 mars 2008 dans un hôtel de Bangkok après avoir rencontré des agents américains qui l'avaient piégé en se faisant passer pour des responsables de la guérilla des Forces armées révolutionnaires de Colombie (Farc) cherchant à acheter des missiles et des lance-roquettes.
"Nous sommes déçus et intrigués par la décision de la cour. Nous pensons que les faits sont pertinents au regard de la loi thaïlandaise", a déclaré James Entwistle, diplomate à l'ambassade des Etats-Unis à Bangkok. "Notre accord mutuel d'extradition encadre parfaitement l'extradition de Viktor Bout", a estimé le diplomate.
La Russie s'est dite de son côté "satisfaite" du rejet par la justice de la demande d'extradition. La cour criminelle thaïlandaise "n'a pas autorité pour sanctionner des actions commises par des étrangers contre d'autres étrangers dans un autre pays", a déclaré le juge. Pour justifier le rejet de la demande, le juge a encore expliqué que les Farc avaient été placées sur une liste d'organisations terroristes par les Nations Unies et les Etats-Unis mais pas par la Thaïlande qui considère donc cette guérilla comme un mouvement politique.
L'accusé aurait inspiré le personnage joué par Nicolas Cage dans le film Lord of War(2005). Il a été surnommé le "Marchand de Mort" en Occident en raison de fournitures d'armes qu'on lui attribue depuis plus de quinze ans entre l'Afrique et l'Amérique du sud en passant par l'Afghanistan, les talibans et Al-Qaïda. Aux Etats-Unis, Viktor Bout risque la prison à vie.