Un Polonais meurt après s'être immolé par le feu pour dénoncer le pouvoir conservateur

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L'homme, âgé de 54 ans, s'était versé un liquide sur le corps puis y a mis le feu en criant "Je proteste". © ARIS MESSINIS / AFP
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avec AFP , modifié à
Dans des tracts qu'il a laissés sur le lieu de son immolation, l'homme protestait notamment "contre la limitation par le pouvoir des droits civiques".

L'homme qui s'était immolé par le feu il y douze jours dans le centre de Varsovie, un acte dicté par son opposition au pouvoir conservateur, est mort à la suite de ces blessures, ont rapporté les médias lundi.

"Je proteste". La victime est morte dimanche dans un hôpital "sans avoir retrouvé la conscience", a indiqué OKO.press, portail indépendant de vérification des faits, informé par la famille. Le 19 octobre, Piotr S. (la famille ne souhaite pas divulguer son nom, ndlr), un chimiste de formation de 54 ans, s'était versé un liquide sur le corps puis y a mis le feu en criant "je proteste", selon les témoins, devant un des grands bâtiments de la capitale polonaise. Sauvé in extremis, il avait été transporté dans un état grave dans un hôpital.

"Un manifeste politique". Selon sa fille, une étudiante aux Beaux Arts de Cracovie, Piotr S. souffrait depuis quelques années d'une dépression, mais la maladie n'aurait aucun lien avec son acte. "Ce qu'il a fait, c'est un manifeste politique et n'avait rien avoir avec sa maladie", avait-elle déclaré quelques jours après son immolation, cité par la télévision privée TVN.

Dans les tracts que l'homme a laissés sur le lieu de son immolation, et dans lesquels il se présentait comme "un homme ordinaire, tout comme vous", il protestait notamment "contre la limitation par le pouvoir des droits civiques", "la violation des règles démocratiques" et "de la Constitution", "la destruction du Tribunal constitutionnel et du système judiciaire indépendant" par le parti au pouvoir Droit et Justice (PiS, conservateur nationaliste) qu'il avait appelé à agir dans le cadre de l'État de droit démocratique.

"J'aime la liberté avant tout". Dans ces tracts, repris par les médias polonais, cet homme avait également accusé le président du PiS Jaroslaw Kaczynski et la direction du parti "d'avoir son sang sur les mains" et appelé les Polonais à changer ce pouvoir "avant qu'il ne détruise entièrement notre pays, avant qu'il ne nous prive complètement de la liberté". "J'aime la liberté avant tout. C'est pour cela que j'ai décidé de m'immoler et j'espère que ma mort ébranlera les consciences", avait-il écrit.