Un incendie géant ravage les Canaries

Les deux îles les plus touchées sont Ténérife, destination touristique majeure, et La Gomera.
Les deux îles les plus touchées sont Ténérife, destination touristique majeure, et La Gomera. © Reuters
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G.S. avec agences , modifié à
Les flammes ont déjà nécessité l'évacuation de près de 5.000 personnes dans l’archipel espagnol .

De multiples incendies, nourris par le vent et la canicule, ont brûlé ce week-end des milliers d'hectares de forêts et broussailles à travers l'Espagne, dévorant les sols desséchés. Sur l'archipel des Canaries, près de 5.000 villageois ont dû quitter leurs maisons. Alors que le pays tout entier est submergé par une vague de chaleur africaine, pompiers, militaires, ou volontaires armés de simples seaux d'eau, luttent jour et nuit contre les flammes depuis vendredi. Ils essaient de sauver des maisons et d'empêcher le feu de gagner du terrain.

Les deux îles les plus touchées de l'archipel des Canaries sont Tenerife, destination touristique majeure, et La Gomera, où s'étend le parc naturel de Garajonay. Ce parc, classé au patrimoine mondial de l'Unesco, abrite des espèces végétales rares rappelant les forêts subtropicales de l'ère tertiaire, dont plusieurs centaines d'hectares ont déjà brûlé depuis la semaine dernière.

"La peur dans le corps ne part pas"

Sur la petite île, 2.500 habitants de villages et hameaux bordant le parc, à flanc de relief, ont dû abandonner leurs maisons depuis vendredi alors que la fumée, poussée par le vent, se propageait vers la côte. Samedi

Paneau cramé

© Santiago Ferrero / Reuters

soir, certains ont été évacués par bateau de Valle Gran Rey, dans le sud de l'île. La mer était devenue la seule issue alors que la fumée s'engouffrait dans la route descendant de la montagne.

Hôtels, salles sportives ou écoles, tous pleins à craquer, ont été transformés en campements. "J'ai été évacuée par la Garde civile, parce que moi toute seule, je serais restée, avec les animaux", raconte Apolonia Garcia Castañeda, une femme de 83 ans, qui vient de passer une nuit sans sommeil dans un dortoir d'école de Vallehermoso, dans le nord de l'île.

La vieille femme vit seule dans son village de Los Loros, à l'intérieur du parc de Garajonay, tout près du front principal de l'incendie. "Dans le village, j'ai laissé mes poules, mes brebis, mon chien, mes cultures", ajoute Apolonia. "Je n'ai pas pu dormir", confie-t-elle, "seulement me reposer un peu, mais la peur dans le corps, cela ne part pas si facilement".

132.300 hectares déjà partis en fumée

Les feux ont détruit depuis vendredi 200 hectares à Ténérife et 470 hectares à La Gomera, et plusieurs routes ont dû être fermées sur ces deux îles. Dimanche, les avions bombardiers d'eau ont repris leurs rotations au-dessus du feu, qui, dans les deux îles, progressait sans répit, dans une chaleur écrasante. "Cela va être une journée difficile, pour tout le monde et en particulier pour ceux qui combattent le feu", a prévenu Juan Manuel Santana, directeur général de la sécurité du gouvernement canarien.

canadaire

© Santiago Ferrero / Reuters

D'autres régions, dont la Galice, au nord de l'Espagne, ont également été touchées par des incendies ces derniers jours. Dans la province d'Ourense, dans le nord-ouest, un incendie qui a déjà brûlé 1.200 hectares près de la localité de Barcos de Valdeorras restait hors de contrôle dimanche. Les incendies ont aussi dévasté des centaines d'hectares en Catalogne, dans le nord-est, dans la région de Guadalajara ou dans le parc naturel de Cabañeros, dans le centre de l'Espagne. 

Après une sécheresse sans précédent depuis environ 70 ans, l'Espagne vit cet été ses incendies les plus dévastateurs des dix dernières années : entre le 1er janvier et le 5 août, 132.300 hectares de végétation ont brûlé à travers le pays, selon le ministère de l'Agriculture.

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