Un front anti-américain au G7 après l'imposition de nouvelles taxes

commission européenne, Cecilia Malmström crédit : EMMANUEL DUNAND / AFP - 1280
Les six pays qui composent le G7 comptent bien faire front contre les États-Unis © EMMANUEL DUNAND / AFP
  • Copié
avec AFP
Après avoir annoncé de nouvelles taxes sur les importations européennes et canadiennes, les États-Unis ont renvoyé leurs partenaires commerciaux vers le G7 qui se tiendra la semaine suivante. L'Amérique promet d'y être particulièrement isolée.

Européens et Canadiens ont adressé vendredi une sévère mise en garde aux États-Unis sur les risques qu'ils font peser sur l'économie mondiale, lors d'une réunion des ministres des Finances du G7 au Canada qui se tient au moment où l'administration Trump a imposé de nouveaux tarifs sur l'acier et l'aluminium.

Une incompréhension partagée. "Français, Britanniques et Allemands ont été tendus", a résumé le ministre français des Finances Bruno Le Maire à l'issue de sessions de discussions à Whistler, une station de ski chic au nord de Vancouver. "Chacun a marqué son incompréhension totale des décisions américaines et chacun a rappelé que c'était aux Américains de faire le premier geste parce que ce sont eux qui ont décidé de ces taxes", a-t-il expliqué.

Le secrétaire américain au Trésor Steven Mnuchin a pris acte des récriminations tout en renvoyant les pays au sommet des chefs d'État la semaine prochaine au Québec, a indiqué une source canadienne. Européens et Canadiens ont lancé vendredi à l'OMC leur première riposte contre les taxes de 25% sur l'acier et de 10% sur l'aluminium. La veille, Ottawa avait annoncé des taxes punitives.

 

Une "G6 + 1", selon Bruno Le Maire. "La réunion du G7 finances au Canada est plutôt un 'G6 + 1' avec des États-Unis seuls contre tous, qui font courir le risque de déstabilisation économique à la planète", avait réagi plus tôt Bruno Le Maire, ajoutant que désormais, "la balle est exclusivement dans le camp des Américains" pour éviter une guerre commerciale.

Des taxes inacceptables. Les taxes sur l'acier et l'aluminium, entrées en vigueur vendredi, sont "inacceptables", a pour sa part fustigé le Premier ministre canadien Justin Trudeau, soulignant que les États-Unis ont un excédent de deux milliards de dollars dans le secteur de l'acier avec le Canada. Le ministre allemand des Finances Olaf Scholz a lui aussi signifié à Steven Mnuchin que ces taxes étaient "inacceptables" et qu'elles ne respectaient pas les règles du commerce.

Des taxes qui ne respectent pas les règles de l'OMC. "Les États-Unis sont en train de jouer un jeu dangereux", avait averti la Commissaire européenne au Commerce, Cecilia Malmström, en annonçant la plainte auprès de l'OMC. "Ces droits de douane, imposés unilatéralement sous le prétexte qu'ils garantissent la sécurité nationale des États-Unis, ne respectent ni les obligations commerciales internationales américaines ni les règles de l'OMC", a déclaré pour sa part la ministre canadienne des Affaires étrangères Chrystia Freeland, promettant de "travailler en étroite collaboration avec l'Union européenne".

Des taxes canadiennes et mexicaines en retour. Ottawa avait annoncé jeudi des taxes sur 16,6 milliards de dollars canadiens (soit 10,9 milliards d'euros) de produits américains et le Mexique a pour sa part promis des mesures sur divers produits dont certains aciers, des fruits et des fromages, qui "seront en vigueur tant que le gouvernement américain n'éliminera pas les taxes imposées".

Tant que les États-Unis ne mettent pas à exécution leur menace de taxer les importations de voitures - un des moteurs des échanges commerciaux et donc de la croissance mondiale - , la guerre commerciale n'est pas encore tout à fait déclarée, selon des experts.