Un an après Euromaïdan, Kiev se rapproche de l’UE

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Jérémy Maccaud, avec agences , modifié à
Mardi, le Parlement ukrainien et son homologue européen vont ratifier un accord d’association. Celui-là même qui devait être signé il y a un an.

L’INFO. L’Ukraine et l’Union européenne (UE) s’apprêtent à ratifier, mardi, un accord d’association. Une entente qui aurait dû se concrétiser à la fin de l’année dernière, avant l’annulation de la signature, au dernier moment, par le président désormais déchu, Viktor Ianoukovitch. Pourtant, l’heure n’est pas vraiment aux réjouissances dans cet ancien pays soviétique. Explications.

Un an après Euromaïdan, quasiment jour pour jour. Petro Porochenko, le président ukrainien, n’a pas caché sa fierté en annonçant le rapprochement conclu avec l’UE. "L'événement historique aura lieu mardi", a précisé vendredi le chef d’Etat. "Pour la première fois, l'accord sera ratifié simultanément", à Kiev et Strasbourg, et "il entrera en vigueur le 1er novembre", a-t-il été précisé.

"Nous nous sommes mis d'accord sur la première réunion du conseil d'association le 17 novembre", a par ailleurs ajouté Porochenko. Tout un symbole. C’est en effet le 21 novembre 2013 qu’a débuté le mouvement Euromaïdan. A l’époque, l’ancien président Viktor Ianoukovitch avait décidé, au dernier moment, d’annuler la signature de l’accord d’association avec l’UE, accédant ainsi aux demandes très pressantes de l’influente Russie.

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Point de départ. Un retournement de dernière minute qui n’avait pas été accepté par une partie de la population. Pour contester cette décision, des dizaines d’étudiants s’étaient massés sur la place de l’Indépendance, à Kiev. Une mobilisation réprimée dans la violence par le pouvoir en place. Et qui aura eu pour conséquence de faire grandir le mouvement, entre 500 et 1 million d’Ukrainiens étant venus grossir les rangs d’Euromaïdan.

Après de nouvelles violentes répressions dans le sang et la mort d’une centaine de manifestants, le président Ianoukovitch a été contraint de fuir le pouvoir.

Loin d’être un retour à la normale. La signature de cet accord d’association, qui permettra notamment à l’Ukraine et l’UE de renforcer leurs liens commerciaux, ne signifie toutefois pas un retour à la normale pour cette ancienne nation de l’URSS. Loin de là. Les rapports avec le voisin russe sont plus que jamais délétères, ce dernier ayant notamment annexé la Crimée en mars avant d’offrir un soutien, notamment militaire, plus que contesté aux indépendantistes pro-russes, majoritaires dans l’Est ukrainien, entraînant le pays dans une véritable guerre civile.

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Une trêve remise en cause. A ce titre, le cessez-le feu conclu il y a peu entre les rebelles sécessionnistes et Kiev est bien fragile. Plusieurs accrochages se sont déroulés, notamment à Donetsk, et les indépendantistes prorusses ont, selon l’aveu même des autorités militaires ukrainiennes, étendu leur mainmise sur la frontière orientale du pays jusqu’à la mer d’Azov.

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Par ailleurs, la crise ukrainienne a provoqué une grave crispation des relations entre la Russie et l’Occident. A plusieurs reprises, les Etats-Unis et l’Union européenne ont sanctionné l’économie russe et les principaux alliés de Vladimir Poutine. Une mesure réitérée vendredi, les Américains ayant imité les Européens en ajoutant à leur liste noire plusieurs entreprises russes, dont Sberbank, la principale banque du pays.

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Poutine réfléchit à sa riposte. Se faisant l’écho de ces nouvelles mesures occidentales, José Manuel Barroso, le président de la Commission européenne, a tancé le comportement "inacceptable" de la Russie en Ukraine. En réaction, Vladimir Poutine a déclaré que les sanctions étaient "peu efficaces" et pousseraient simplement les Russes "à travailler plus au lieu d’aller se dorer la pilule à l’étranger". "Les sanctions causent évidemment certains dégâts, y compris à ceux qui les utilisent", a menacé le président russe. Avant d’affirmer qu’il réfléchissait actuellement, lui-aussi, à de nouvelles mesures de rétorsion.