Ukraine : ces (gros) dossiers qui attendent Porochenko

Le président ukrainien Petro Porochenko est investi samedi.
Le président ukrainien Petro Porochenko est investi samedi. © REUTERS
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avec agences
AU PROGRAMME - Entre la situation explosive dans l’Est du pays et une économie exsangue, le nouveau président ne va pas chômer.

Petro Porochenko, le nouveau président ukrainien, est réputé travailleur. Cela tombe bien : il a du pain sur la planche et de nombreux dossiers auxquels il va devoir s’atteler dès son investiture, samedi. Elu fin mai dès le premier tour avec 54% des voix, ce milliardaire va devoir se montrer à la hauteur de ses promesses. D'autant plus qu'il est attendu au tournant par les manifestants de Maïdan, qui ont fait chuter son prédécesseur.

L’insurrection dans l’Est. Le premier dossier dont il va devoir s’emparer est bien sûr celui de l’insurrection prorusse dans l’est de l’Ukraine. Petro Porochenko a fait ses premiers pas de président au moment même où la bataille faisait rage à l’aéroport de Donetsk. La tension demeure vive : vendredi, un policier ukrainien a été blessé et deux ont été blessés près de Slaviansk, bastion des insurgés prorusses.

>> Ce qu’il propose. Pendant la campagne, Petro Porochenko a promis de résoudre en trois mois le problème avec la Russie et le défi posé par l’insurrection séparatiste en trois mois. Le président a l’intention de présenter son plan de paix samedi, lors de son discours d’investiture. Et vendredi, lors des commémorations du Débarquement en Normandie, il a rencontré son homologue russe, Vladimir Poutine. Les deux hommes se sont prononcés "pour la cessation au plus vite de l’effusion de sang dans le sud-est de l’Ukraine".

Affrotnements à Donetsk, en Ukraine

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L’équilibre entre l’UE et la Russie. Au-delà de la crise dans l’est du pays, Kiev devra aussi normaliser ses relations avec son voisin russe. Tout en poursuivant l’intégration vers l’Union européenne.

>> Ce qu’il propose. Le cœur de Petro Porochenko penche clairement du côté européen. Il entend signer dès le mois de juin le fameux accord d’association et de libre-échange avec l’Union européenne. L’homme veut aussi établir "des relations transparentes avec la Russie", selon son conseiller diplomatique, interrogé par Libération. Il se targue de "bien connaître Vladimir Poutine", ce qui sera bien nécessaire.

Une économie chancelante. Mais Petro Porochenko va aussi devoir gérer un pays en quasi-faillite, gangréné par la corruption. D’après le Fonds monétaire international (FMI), l’économie ukrainienne n’a crû que de 0,5% depuis 1993 à prix constants, soit la pire performance des pays d’Europe de l’Est. En 2014, le PIB ukrainien devrait se contracter d’environ 5%. A ce paysage morose s’ajoute un autre défi pour Petro Porochenko : expliquer aux Ukrainiens les mesures impopulaires imposées en échange de l’aide de 27 milliards de dollars, consentie par le FMI, la Banque mondiale et l’Union européenne.

>> Ce qu’il propose. "Self-made man" à la réussite éclatante, Petro Porochenko entend gérer l’Ukraine comme son entreprise de chocolats, Roshen. D’après Le Monde, il a même promis d’aligner le salaire moyen en Ukraine sur celui pratiqué dans son entreprise de confiserie.

Petro Porochenko, oligarque, est le grand favori de la présidentielle qui s'annonce en Ukraine.

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Le problème du gaz. Sur le plan économique aussi, la question du gaz constitue un dossier brûlant. La Russie et l’Ukraine sont en désaccord sur la dette gazière contractée par Kiev auprès de Moscou. L'Ukraine la fixe à 2,2 milliards de dollars pour 2013 et 2014, tandis que le russe Gazprom avance le chiffre de 4,46 milliards. L’Ukraine a jusqu’au 10 juin pour payer. Au-delà de cette date, Moscou menace de suspendre ses livraisons. Le dossier inquiète aussi les Européens, qui sont également tributaires du gaz russe.

>> Ce qu’il propose. Dès le week-end, les discussions doivent reprendre entre Moscou et Kiev et les autorités ukrainiennes espèrent "arriver à une décision mardi". Dans ces négociations, Petro Porochenko sait qu’il est soutenu par les dirigeants du G7, pour lesquels "l’utilisation de l’approvisionnement énergétique comme moyen de coercition politique ou comme menace à la sécurité est inacceptable".

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