Turquie : un journaliste renommé arrêté pour avoir posté des tweets

Turquie, libération des journalistes 2011 crédit : MUSTAFA OZER / AFP - 1280
Les journalistes sont régulièrement l'objet d'arrestations arbitraires de la part du gouvernement (image d'illustration de 2011) © MUSTAFA OZER / AFP
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avec AFP
Le journaliste, très reconnu, est accusé d'avoir posté des tweets sur le PKK, un parti interdit, et d'avoir publié des articles pour le compte du quotidien d'opposition Cumhuriyet.

Les autorités turques ont arrêté jeudi l'un des journalistes les plus renommés du pays, pour avoir publié des tweets jugés critiques envers le régime et des articles dans un quotidien d'opposition, a indiqué l'agence de presse pro-gouvernementale Anatolu.

Des tweets et des articles mis en cause. Ahmet Sik, lauréat du Prix mondial de la Presse UNESCO/Guillermo Cano en 2014, a été accusé de faire de la "propagande terroriste" et d'avoir dénigré la République turque, ont déclaré les autorités judiciaires et la police, citées par Anatolu. Selon les autorités, le journaliste aurait posté des tweets sur le Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK), interdit, et publié des articles pour le compte du quotidien d'opposition Cumhuriyet dans lesquels il critiquait les services de renseignements turcs.

Une enquête qui dérange. Auteur de nombreux ouvrages, Ahmet Sik, qui est l'un des journalistes les plus réputés en Turquie a déjà fait un an de détention préventive de 2011 à 2012. Il avait été accusé d'être lié à l'organisation terroriste présumée Ergenekon. Il a notamment enquêté sur les relations entre le parti au pouvoir et le mouvement islamiste Fethullah Gülen, du nom du prédicateur ennemi juré du président Recep Tayyip Erdogan, que celui-ci accuse d'avoir fomenté le coup d'État manqué du 15 juillet.

Son livre L'Armée de l'Imam, publié en 2011, révèle comment les partisans de Gülen ont infiltré la bureaucratie turque et scellé une alliance avec le pouvoir en place. "J'ai été arrêté. Je serai présenté devant des procureurs en raison d'un tweet", a écrit Ahmet Sik dans un dernier message posté jeudi matin sur Twitter.

Une nouvelle victime d'une purge ? Après le putsch manqué, les autorités turques ont lancé des purges d'une ampleur inédite, qui ont frappé des médias et responsables politiques d'opposition et suscité l'inquiétude des pays européens. Selon l'ONG turque de défense de la liberté de la presse P24, 118 journalistes ont été arrêtés dans le cadre de l'état d'urgence et 80 dans le cadre de l'enquête sur le putsch manqué.