Turquie : le représentant de Reporters sans frontières inculpé pour "propagande terroriste"

Les trois suspects ont été conduits à une maison d'arrêt d'Istanbul.
Les trois suspects ont été conduits à une maison d'arrêt d'Istanbul. © OZAN KOSE / AFP
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Ce responsable est accusé, aux côtés de deux autres intellectuels turcs, d'avoir soutenu la cause kurde via sa collaboration au journal pro-kurde Özgür Gündem.

L'étau sur la presse en Turquie s'est encore resserré lundi avec l'inculpation pour "propagande terroriste" du représentant de Reporters sans frontières (RSF) dans le pays ainsi que de deux intellectuels turcs de renom accusés de soutenir la cause kurde, placés en détention provisoire. La justice reproche à Erol Önderoglu, qui représente RSF depuis 1996 en Turquie, ainsi qu'à Ahmet Nesin et Sebnem Korur Fincanci, d'avoir participé à une campagne de solidarité avec la presse pro-kurde en mai dernier.

Soutien de manifestants. Ils sont poursuivis pour trois articles qui traitaient de luttes d'influence entre diverses forces de sécurité turques et des opérations en cours contre les rebelles du Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK) dans le sud-est anatolien. Une centaine de personnes venues les soutenir au palais de justice d'Istanbul ont scandé "Nous ne céderons pas aux pressions" à l'énoncé du jugement, selon les images diffusées sur les réseaux sociaux. Les trois suspects ont par la suite été menottés et conduits à une maison d'arrêt de la mégapole turque par la police.

PKK. "Le procureur qui nous a entendus a réclamé que nous soyons inculpés et écroués pour propagande terroriste", en faveur du PKK, mouvement armé considéré comme terroriste par bon nombre de pays, a expliqué Erol Önderoglu au téléphone, juste avant son inculpation.  Ces trois personnes ont été inculpées au nom de la législation antiterroriste turque, pomme de discorde avec l'Union européenne qui souhaiterait voir son champ d'application fortement restreint.

Militants de la liberté. Ces trois militants de la cause kurde et des libertés en général avaient pris en mai dernier symboliquement à tour de rôle la direction du journal pro-kurde Özgür Gündem, dans le collimateur de la justice et des autorités turques depuis des années. Une procédure judiciaire avait ensuite été lancée à leur encontre. Ahmet Nesin est un écrivain et intellectuel connu tandis que Sebnem Korur Fincanci, professeur de médecine légale, préside la Fondation des Droits de l'Homme (TIHV).