Turquie : la violence policière les révolte

Des milliers de personnes sont, une nouvelle fois, descendues dans les rues d'Istanbul.
Des milliers de personnes sont, une nouvelle fois, descendues dans les rues d'Istanbul. © Reuters
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Charles Carrasco avec Walid Berrissoul, envoyé spécial en Turquie , modifié à
TEMOIGNAGE - Les manifestants en veulent autant au régime, jugé autoritaire, qu'aux policiers.

L'INFO. La tension restait vive en Turquie mercredi matin au sixième jour des manifestations contre le Premier ministre turc, Recep Tayyip Erdogan. De nouveau, des milliers de personnes sont descendues dans les rues d'Istanbul et d'Ankara. Malgré les "excuses" du gouvernement aux victimes de brutalités policières des jours précédents, des milliers de manifestants ont envahi à la nuit tombée la place Taksim d'Istanbul, où ils ont scandé des slogans réclamant le départ du Premier ministre. Des excuses d'autant nécessaires que la répression des forces de l'ordre est dans le viseur.

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Un emprisonnement arbitraire. En effet, ce sont bien les violences policières qui, comme des milliers de personnes, ont poussé Tuncay Alcpinar, à occuper la place Taksim. A 39 ans, il a été victime d'un emprisonnement arbitraire. Il a passé l'année 2011 en détention. Du jour au lendemain, il est arrêté, accusé de trafic de drogues, et emprisonné douze mois sans procès, sans aucune présomption d'innocence.

"J'ai dû attendre un an en prison. Un an pour qu'il y ait enfin une confrontation au tribunal avec un officier de police. Il est arrivé. Il ne m'a même pas regardé. Il a juste dit que ce n'était pas moi", témoigne ce Turc au micro d'Europe 1. Selon lui, le pouvoir islamo-conservateur a renforcé cette répression. "Depuis qu'Erdogan (le Premier ministre, ndlr) est au pouvoir, c'est devenu systématique. Ils te mettent en prison. Ensuite, ils te demandent de te débrouiller pour prouver que tu n'es pas coupable. Ce n'est pas possible, un tel système", déplore Tuncay Alcpinar.

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"La violence psychologique". Depuis plusieurs jours, les forces de l'ordre sont dans le viseur, accusées de brutalités à l'égard des manifestants. "Vous voyez les manifestations : la police a tapé fort mais la violence ça finit toujours par passer. En prison, la violence, elle est psychologique. Et ça, ça reste pour toujours", affirme ce Turc, interrogé par Europe 1. Tuncay Alcpinar est très loin d'être le seul. Il s'en rend bien compte lorsqu'il discute avec des étudiants sur les barricades. Eux aussi connaissent bien le problème : plus de 2.800 d'entre eux sont actuellement emprisonnés en Turquie.