Turquie : "J'ai voté dans l'espoir d'un changement de leader", raconte un citoyen

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Les Turcs sont appelés aux urnes pour élire leur président et renouveler le Parlement © YASIN AKGUL / AFP
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Jean-Sébastien Soldaïni, envoyé spécial à Istanbul, édité par Marthe Ronteix
Pour la première fois depuis qu'il est au pouvoir, Recep Tayyip Erdogan n'est pas assuré d'être réélu à la tête de la Turquie. Il fait face à un désaveu de la part d'une partie de la population et d'une opposition constituée.
REPORTAGE

Quelque 56 millions de Turcs sont appelés dimanche à voter pour le premier tour de l'élection présidentielle et pour renouveler le Parlement. Avec une véritable opposition, l'actuel président Recep Tayyip Erdogan n'est pas assuré d'être réélu, une perspective qui séduit ceux qui ne le soutiennent pas.

Une élection plus ouverte. À Istanbul, le vote se fait au rythme des tampons rouges. En Turquie, on vote en apposant la marque rouge "oui" sous la photo d'un candidat, un geste que Ferat a perçu dimanche matin comme un soulagement. "Cette élection me semble vraiment différente des précédentes", estime-t-il au micro d'Europe 1. "Premièrement parce que les candidats présents sont bien meilleurs, mais aussi parce qu'il y a un candidat qui me représente. Du coup, ça me fait du bien d'aller voter."

"Ce nouveau système n'est pas fait pour un président honnête". Dans un quartier peu favorable à Erdogan, Ali tient à faire connaître son désaccord. "J'ai voté dans l'espoir d'un changement de leader. Parce que le nouveau système dans lequel le président a tous les pouvoirs ne me donne aucune confiance pour mon avenir et l'avenir de mes enfants. Ce nouveau système n'est pas fait pour un président honnête".

Dimanche soir, les Turcs vont changer de régime, car la nouvelle constitution voulue par Recep Tayyip Erdogan donne les pleins pouvoirs au président. C'est d'ailleurs le chef de l'État qui a choisi le calendrier de ces élections, laissant peu de temps à ses opposants de s'organiser et de faire campagne. Et pourtant, il n'est pas assuré d'en sortir grand gagnant. 

Des partis d'opposition alliés. Les nouvelles règles ont en effet permis des alliances. Recep Tayyip Erdogan a voulu cela pour récupérer les voix d'un petit parti mais l'opposition a répliqué. Trois formations se sont alliées, bien que chacune présente son candidat, mais elles se sont fait la promesse de soutenir celui qui aura fait le meilleur score en cas de second tour. Une perspective qui séduit les électeurs, qui voient là une possibilité de changement. Pour les élections législatives, le même système a cours, même si ces alliances pourraient priver le parti d'Erdogan de majorité.