Turquie : calme (précaire) sur la place Taksim

Les policiers sont arrivés au petit matin, casqués et matraque à la main, alors que les manifestants dorment encore sous les tentes dressées dans le parc Gezi et sur la place Taksim.
Les policiers sont arrivés au petit matin, casqués et matraque à la main, alors que les manifestants dorment encore sous les tentes dressées dans le parc Gezi et sur la place Taksim. © REUTERS
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et Charles Carrasco avec agences , modifié à
Le calme est revenu place Taksim après de nouveaux heurts entre manifestants et police.

L'INFO. La police turque a, une nouvelle fois, fait évacuer la place Taksim, mardi soir, tandis que le Premier ministre Recep Tayyip Erdogan a fait savoir qu'il n'aurait plus "aucune tolérance" envers le mouvement de protestation. Il a, en revanche, accepté de rencontrer des représentants de la contestation.

Aucune "tolérance". Fermement décidé à mettre un terme à la fronde sans précédent qui agite depuis douze jours son pays, le Premier ministre a assuré que son gouvernement ne ferait plus preuve "d'aucune tolérance" envers les protestataires."Je m'adresse à ceux qui veulent poursuivre ces événements, qui veulent continuer à semer la terreur : cette affaire est maintenant terminée. Nous ne ferons plus preuve de tolérance", a-t-il déclaré devant les députés de son Parti de la justice et du développement (AKP, issu de la mouvance islamiste).

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Que s'est-il passé place Taksim ? Vers 6h30, les forces de l'ordre ont repris facilement le contrôle de la place Taksim, le bastion de la fronde, en repoussant les quelques centaines de protestataires qui y avaient passé la nuit par des tirs de grenades lacrymogènes ou des billes de plastique et en utilisant des canons à eau. Les barricades qui bloquaient l'accès à la place ont été rapidement démantelées par des pelleteuses et les drapeaux et banderoles hostiles au gouvernement arrachées. Mais les échauffourées se sont poursuivies jusqu'au soir, lorsque la police s'est brutalement retirée en lisière de la place, ouvrant la porte à des milliers de personnes scandant "Tayyip, démission !" Mais une heure plus tard, elle a pour la seconde fois dispersé la foule, provoquant la panique.

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Que est la situation dans le parc de Gezi ?De nombreux manifestants ont trouvé refuge dans le parc Gezi, dont la destruction annoncée a lancé la contestation le 31 mai, transformé par les militants en hôpital de campagne, et de fortune, pour les nombreux manifestants blessés.  Plus tôt dans la journée, Recep Tayyip Erdogan avait clairement menacé ses occupants d'évacuer le parc. "Gezi n'est pas une zone d'occupation", a-t-il lancé devant ses élus, qui l'ont ovationné à plusieurs reprises. "J'invite les manifestants sincères à regarder ce qui se passe, à comprendre le jeu qui se joue et à se retirer" du parc, a-t-il ajouté.

De nombreuses arrestations. La police a procédé mardi à des dizaines d'arrestations, dont 73 avocats qui dénonçaient, dans l'enceinte du palais de justice d'Istanbul, l'intervention de la police, selon l'Association des avocats contemporains.

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Une rencontre mercredi. Une rencontre est prévue mercredi entre le Premier ministre et des représentants de la contestation, qu'il n'a eu de cesse de présenter comme des "pillards" ou des "extrémistes". L'ONG Greenpeace, invitée à ce rendez-vous, a déjà fait savoir qu'elle ne s'y rendrait pas. "D'abord, la violence doit cesser", a-t-elle demandé.