Tunisie : les laïcs jettent l'éponge

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Maud Descampsavec AFP , modifié à
Le Congrès pour la République, du président tunisien, a quitté la coalition formée avec Ennahda.

L'ACTU. La crise se poursuit en Tunisie après l'assassinat d'un opposant au parti islamiste Ennahda. Le Congrès pour la République (CPR), petit parti laïque du président tunisien Moncef Marzouki, a quitté la coalition gouvernementale formée avec les islamistes d'Ennahda. Cette formation de centre gauche tire les conséquences du rejet de ses demandes, a expliqué dimanche un de ses cadres, Ben Amor, à Reuters.

Les menaces à exécutions. "Nous disions depuis une semaine que si les ministres des Affaires étrangères et de la Justice n'étaient pas remplacés, nous nous retirerions", a-t-il dit. Le départ des trois ministres CPR est un nouveau coup porté au gouvernement de coalition dirigé par le Premier ministre Hamadi Jebali, déjà mis à mal par l'assassinat cette semaine de l'opposant laïque Chokri Belaïd. Hamadi Jebali a proposé la constitution d'un gouvernement de technocrates en attendant l'organisation de nouvelles élections législatives, mais il a été désavoué y compris par Ennahda, dont il est pourtant le secrétaire général.

La grogne des autres partis. "Cette décision (de quitter le gouvernement) n'a rien à voir avec la décision du Premier ministre de former un gouvernement de technocrates", a précisé Ben Amor. Outre Ennahda, le CPR et l'autre petit parti laïque de la coalition, Ettakatol, ont critiqué cette décision en regrettant de ne pas avoir été consultés au préalable.

Une demande de remaniement. Le CPR et Ettakatol réclament un remaniement ministériel qui déboucherait sur l'attribution à des personnalités indépendantes de portefeuilles-clés détenus par Ennahda. Ils demandent en particulier le départ du ministre de la Justice, Noureddine B'hiri, et celui du chef de la diplomatie, Rafik Abdessalem, qui est aussi le gendre de Rached Ghannouchi, président d'Ennahda.
     
Une demande de protection. L'assassinat de Chokri Belaïd, perpétré mercredi devant son domicile par un homme seul qui a pris la fuite à moto, n'a pas été revendiqué. Sa famille a toutefois pointé du doigt la responsabilité d'Ennahda, qui a nié toute implication. Samedi soir, la veuve de Chokri Belaïd a appelé le gouvernement à assurer la protection de sa famille et promis de le tenir pour responsable si quoi que ce soit devait lui arriver. Les mouvements laïques reprochent aux autorités la mollesse de leur réaction face aux groupes salafistes, partisans d'un islam des origines et qui s'attaquent depuis plusieurs mois aux lieux de culture et de divertissement (salles de cinéma et de théâtre, cafés, maisons de la culture, ...) ainsi qu'à des particuliers.